Il y a quelques années, une personne m'a envoyé un courriel pour se renseigner sur mes prestations d’executive coaching. Au cours de l’échange, il s’est montré un peu déstabilisé lorsque j'ai déclaré que j’aimais coacher des gens qui ont déjà une base spirituelle minimum. Son e-mail était clair : « Qu'est-ce que la spiritualité a à voir avec le coaching en entreprise puisqu’on nous embauche pour améliorer les résultats ? »
Dans le business, les entreprises ont-elles recours à des coaches pour améliorer le résultat net, ou n’est-ce pas plutôt pour optimiser l’amont ?
Avec mes années d'expérience en coaching, j'ai constaté que de nombreux « executives coaches » s’échinent à se concentrer sur les résultats concrets que les clients annoncent souhaiter au départ, comme, par exemple, une plus grande réussite, une productivité accrue ou des performances financières améliorées. Celles-ci sont directement en rapport avec le résultat net et sont mesurables.
Ces indicateurs sont ceux qui, le plus souvent, motivent et décident une entreprise à s'engager dans le coaching.
Est-ce à dire qu’ils ne doivent pas être traités de manière résolument fondamentale ?
Il est vrai que, dans le monde actuel du business, tout ce qui a trait à la spiritualité n’a pas bonne presse et encore peu d’entrepreneurs sont disposés à s’engager dans un domaine sur lequel ils ne disposent pas de connaissances pratiques.
Je crois, et mon expérience me le confirme, que les résultats dans le business, tels que la rentabilité et la longévité, découlent en réalité de l'attention portée à des facteurs autres que l'augmentation de la productivité.
Je ne suis pas le seul à le penser : Patricia Aburdene, auteure de Megatrends 2020, énumère deux grandes tendances sociales concernant la spiritualité : le pouvoir de la spiritualité et la spiritualité dans les affaires.
Pour être plus précis : une approche qui s’attache aux fondamentaux prend en compte deux variables externes : les actions et les réponses.
Dans le domaine de la psychologie, nous savons que c’est le stimulus qui produit une réponse. Nous n'aurions aucune réponse sans stimulus.
En coaching, que savons-nous des stimuli qui suscitent les réponses des clients ?
Comme nous n’en savons pas grand-chose, nous nous attachons à l'exploration de certaines choses que nous ne pouvons pas percevoir directement : les valeurs, les croyances, les attitudes, les émotions, les pensées, le sens et les perspectives spirituelles. Pour nous, c’est dans ce contexte que s’inscrivent les réponses des clients.
Depuis que je suis coach, j'ai toujours constaté que les qualités personnelles, les qualités d'être telles que le sens, la satisfaction, l'épanouissement, la paix et l'équilibre, pour n'en citer que quelques-unes, sont les raisons pour lesquelles les clients s'efforcent d’exister dans le monde.
Un de mes clients, dirigeant en milieu médical privé, voulait doubler de taille et de revenus. Il a donc demandé l'aide d'un coach pour ce faire.
En entendant que je commençais toujours par coacher en guidant les clients dans l’apprentissage de leur objectif de vie, il a haussé les sourcils, sceptique, et j'ai pensé l’avoir perdu.
Pourtant il a continué à écouter. J'ai donc expliqué le parallèle entre son énoncé de mission d'entreprise et son objectif de vie, également désigné sous le nom d'énoncé de mission personnelle.
Il a commencé à comprendre qu'il pourrait utiliser son objectif de vie comme contexte de ses choix pour l’allocations de ses ressources personnelles (le temps, l'énergie et l'argent), tout comme il a utilisé son énoncé de mission d’entreprise pour allouer des ressources et prendre des décisions stratégiques dans sa pratique professionnelle.
À la fin de la première rencontre, il a renoué avec son objectif de vie et a été heureux de prendre conscience de la cohérence entre sa mission entrepreneuriale et sa mission personnelle, ainsi qu’entre ses valeurs personnelles et professionnelles.
Ensuite, nous avons passé un certain temps à étudier les résultats qu'il attendait du coaching.
Tous étaient des résultats dits externes, comme une productivité accrue, une meilleure commercialisation et une plus grande efficacité administrative. Uniquement des résultats très concrets et mesurables.
Je lui ai demandé : « Qu'est-ce que cela vous apporterait d’atteindre ces objectifs ? » Sa réponse immédiate et sans sourciller : « Plus d'argent ».
« Et qu'est-ce que ça vous apporterait ? » Ai-je (bêtement) persisté. Sa réponse fut plus réfléchie cette fois. « Une plus grande présence sociale, une plus grande importance et plus de visibilité ».
Une fois de plus, j'ai demandé : « Et qu'est-ce que cela vous apporterait si vous étiez plus important et plus visible ? » Cette fois, ses mots s’accompagnèrent d’un regard surpris. « Je pourrais rendre service à plus de gens, aider plus de personnes à être en meilleure santé ».
Comme vous, il savait que j'allais dire encore une fois. « Et qu'est-ce que cela vous apporterait ? » Toute son attitude s'adoucit perceptiblement et il sourit presque avec soulagement : « Grande satisfaction et humilité ».
C’est alors qu’est survenue la magie : « Vous vous concentriez sur le fait de gagner plus d'argent et d’importance (résultat net), et maintenant vous parlez de gagner en satisfaction et en humilité (fondement) ». Le plafond de verre entre vie professionnelle et personnelle était brisé, il était désormais possible de s’attaquer à la mise en œuvre pratique…
Le monde du business privilégie encore (trop) souvent les actions directes vers des résultats « externes » : une augmentation des marchés, une meilleure efficacité administrative ou de la rentabilité (le résultat). Ce à quoi nous ne nous attachons pas suffisamment, le fondement, ce sont les forces qui donnent du sens et du contenu, de la satisfaction et de l'humilité. Le « chiffre d'affaires » comprend le but de la vie, les valeurs et les qualités d'être.
Si vous vous concentrez sur les causes profondes qui doivent générer le résultat que vous attendez, vous aurez infiniment plus de chances de l’atteindre que si vous refusez d’en tenir compte.
On a coutume de dire que seul le résultat compte, et quelque part c’est vrai, mais l’importance de ce dernier dépend, à due proportion, de la qualité des fondements qui le génèrent.
Je vous mets au défi d'essayer cela avec tout ce que vous désirez de l'extérieur. Répétez la phrase « qu'est-ce que cela m'apporterait ? » jusqu'à ce que vous atteigniez votre « chiffre d'affaires » (votre être profond). Expérimentez avec vos clients et avec tout votre entourage.
Que reste-t-il après en avoir fini avec nos clients ? Voulons-nous que nos clients ne se souviennent que de l'argent supplémentaire gagné, des marchés supplémentaires acquis et des gains d'efficacité ? Ou voulons-nous qu'ils se souviennent avant tout des fondements de nos interventions tels que plus de sens, de détermination, d'accomplissement et de satisfaction… et, ensuite seulement, des résultats concrets que la démarche a générés ?
Je choisis les fondements lorsque je suis coach en entreprise. Et vous ?
Il n'y a rien de plus stimulant , dans un objectif professionnel, que de faire équipe en partageant réellement avec les autres.
Cela génère une énergie créative et stimulante dont le bienfait rejaillit sur toutes les personnes travaillant sur un même projet.