Dans le précédent post, nous avions vu l’une des caractéristiques de l’entreprise responsable, à savoir qu’elle se devait d’être honnête et juste.
Le deuxième attribut que doit être capable d’assumer une entreprise se voulant responsable est sa citoyenneté, c’est-à-dire sa capacité à prendre en compte son environnement.
Cette prise en compte passe par trois comportements principaux :
. Considérer chaque personne touchée par ses décisions comme si elle était un membre de la communauté décisionnaire,
. Chercher et fournir des opportunités pour réduire les privilèges
. Créer une juste et entière contribution à la société en structurant ses affaires et ses opérations de façon à payer rapidement toutes les taxes qui sont justement dues.
Il n’est pas évident, pour une entreprise, d’adopter ce type d’attitude. Dans une société où nombreux sont ceux qui cherchent à personnaliser le pouvoir, le principal obstacle pour respecter cette démarche réside dans les personnes qui en seraient responsables.
En effet, faire partie de la communauté décisionnaire ne signifie pas prendre la décision, mais simplement participer à la prise de décision. Le seul fait d’être consulté introduit un collaborateur ou un partenaire dans la communauté décisionnaire.
Il n’y a pas d’obligation de suivre l’avis de tous les membres de cette communauté, mais déjà de les connaître.
Ne pas adopter cette démarche équivaut à ne pas reconnaître d’importance, voire d’existence, à ceux qui sont concernés par la décision. C’est se situer dans la séparation en faisant passer un message de désintérêt de l’autre et donc affaiblir son organisation.
Pour remédier à cela il faut être en mesure de pratiquer des valeurs de conscience (dans le sens de prise de conscience) : curiosité, connaissance, humilité, respect de l’autre ou compréhension par exemple.
C’est la pratique de ces valeurs au niveau des décisionnaires finaux dans l’entreprise qui permettra à l’entreprise d’appliquer concrètement une telle démarche.
La vie, qu’elle s’applique à l’entreprise ou à n’importe quel autre domaine, ne varie pas dans ses principes fondamentaux : elle est évolution. Rien n’est permanent ou figé, tout est en constante évolution.
Ne pas reconnaître cet état de fait revient à s’extraire du fonctionnement de la vie.
L’entreprise, pour pouvoir être qualifiée de responsable, se doit d’inclure, dans toutes ses composantes, cette donnée qui ne dépend pas tant d’elle que de principes globaux.
Elle doit donc avoir un souci premier qui est de faire évoluer en permanence les éléments qui la constituent et si possible vers le haut, vers le meilleur.
Lorsqu’une caste défend ses privilèges, elle instaure une séparation entre elle et les autres. Or, l’histoire nous montre clairement que, ce faisant, elle se sclérose et finit par disparaître (Cf. l’histoire de l’aristocratie en France).
Réduire les privilèges favorise l’osmose entre les différents éléments de l’entreprise, fluidifie les rapports entre ces derniers et permet donc d’en tirer le meilleur parti.
Pour parvenir à mettre en place une telle dynamique, il est important que les hiérarchies soient capables de pratiquer des valeurs d’évolution comme, par exemple, la liberté, le choix, la responsabilité ou le progrès.
Ce point-là est en rapport avec la capacité que devrait avoir l’entreprise à prendre en considération quelque chose de plus grand qu’elle-même comme partie prenante de son succès ; comme un élément d’interdépendance dont elle doit également préserver les intérêts.
C’est un lieu commun qu’une entreprise ne vaut que par ses clients. Elle aura beau avoir le meilleur produit du monde, la technologie la plus avancée, les salariés les plus performants, sans clients elle n’existe pas.
Or, un client, qu’il soit un particulier ou une entreprise, n’est pas un portefeuille (ou pas seulement…), il fait partie d’une société et a besoin de cette dernière pour vivre. Il y contribue à travers les impôts et les taxes qu’il paye. Refuser de les payer c’est comme scier la branche sur laquelle on est assis, ou mordre la main qui vous nourrit. C’est irresponsable, surtout sur le long terme.
Se dire que cela favorise la rentabilité, donc la satisfaction des actionnaires revient, encore une fois, à une attitude de séparation et se rapproche de ce qui était évoqué au paragraphe précédent, à savoir de favoriser une caste au détriment du reste.
Bien sûr, les actionnaires sont une catégorie de partenaires de l’entreprise primordiale à de nombreux égards, mais les privilégier au détriment des autres partenaires revient à les affaiblir à terme. C’est comme trop aimer ou trop protéger un enfant : il devient capricieux et incapable d’assumer la complexité de la vie.
Une entreprise ne pourra toutefois jamais être dans une telle démarche si ses responsables ne pratiquent pas des valeurs comme la probité, l’honnêteté, la bienveillance ou l’harmonie par exemple.
On voit donc que l’entreprise, si elle a des valeurs plus normées que les hommes qui la composent, dépend totalement de la pratique des valeurs de vie de ces derniers. Si l’on estime que la citoyenneté constitue l’une des valeurs fondamentales d’une entreprise responsable, celle-ci ne pourra être effective que si ses membres pratiquent d’autres valeurs de vie qui leur soient personnelles.
Or, pour ce faire, il faut qu’ils en aient appris l’existence dans un premier temps, l’importance dans un second temps, et enfin, en apprenant la manière de les utiliser, l’efficacité concrète.