Parfois, il est tentant de dire « ras-le bol ! », de se recroqueviller sur soi et d’être égoïste.
Pourquoi être une « bonne personne », alors que personne ne l’apprécie ?
Pourquoi faire des efforts pour être empathique avec les autres, alors que tant de personnes disparaissent dès qu’elles n’ont plus besoin de vous ?
Les études « scientifiques » nous rappellent, cependant, qu’être généreux sur le plan émotionnel n’est pas simplement « la bonne chose à faire » sur un plan moral, mais c’est, en réalité, également une question d’intérêt personnel (même si, parfois, cela n’en a pas vraiment l’air…).
Les personnes empathiques et généreuses vivraient plus longtemps, seraient plus heureuses et auraient un réseau amical sensiblement plus fournis.
Ces études reflètent, à mon avis, une réalité profonde, mais force est de constater que la vie s’ingénie parfois à nous induire en erreur en nous faisant croire que s’isoler des autres, être égoïste, est le meilleur moyen d’éviter la souffrance.
Savoir repérer la forme des pièges que la vie nous tend nous permet de les éviter. En voici trois :
L’empathie signifie ressentir les sentiments de quelqu'un d’autre. Et si ces sentiments sont négatifs, vous allez vous sentir mal vous aussi.
Qui peut bien avoir envie de ça, surtout quand on est déjà assailli par ses propres soucis ?
Il est facile de penser qu’une seule goutte supplémentaire de sentiments négatifs risque d’être la goutte qui fera déborder le vase et vous mènera directement à la dépression et d'opter pour être égoïste.
Mais voici un « secret » que je vous incite à mettre en pratique pour voir si je dis des bêtises ou non : si vous ressentez le chagrin, mais si vous parvenez à surmonter l’inconfort et vous investissez vraiment avec quelqu'un qui passe une sale période, vous serez récompensé tous les deux d’une manière ou d’une autre.
Une fois que vous aurez fini de vous rouler tous les deux dans une boue d’énergies négatives, vous vous rendrez compte que vous le faites avec un ami.
Ce ne sera peut-être pas le paradis par une journée ensoleillée, mais vous aurez créé une forme d’unité dont l’impact, si vous savez le distinguer, est d’un niveau très supérieur à l’éventuel désagrément de départ.
Alors, vous pouvez vous dire que vous seriez mieux sur une ile déserte, mais vous aurez raté une occasion de vous enrichir et de progresser.
Avez-vous eu envie d’essayer d'aider une personne proche, et que celle-ci vous tourne le dos et ignore royalement vos conseils ?
Si c’est le cas, au fond de vous, vous avez dû vous sentir ni indifférent, ni supérieur, mais plutôt en échec ; votre recul, votre sagesse et votre temps ont dû vous sembler ne rien signifier pour votre ami et c’est déstabilisant à de nombreux niveaux.
Pourquoi voudriez-vous continuer à vous investir pour des personnes qui ne l'apprécient pas à sa juste valeur ?
Le problème est que les personnes qui ont des problèmes ne veulent souvent pas vraiment de conseils. Exprimer son mal-être est quelque chose de différent que demander de l’aide. Ces personnes ne sont souvent pas prêtes à recevoir quoi que ce soit. Elles sont en phase d’émission et non de réception. Elles ont, tout d’abord, besoin du soutien de votre écoute.
Elles ont besoin que vous incliniez la tête avec sympathie pendant qu'elles parlent d’une façon qui peut vous paraître absurde. Cela les aide à gérer leurs sentiments et à accéder à leurs propres compétences en résolution de problèmes.
Vous me direz : « mais ce serait égoïste, n'importe qui peut simplement écouter ! Je ne pourrai pas prouver à quel point je suis génial et donner la solution du problème en restant assis là, à faire de petits grognements ! ».
Mais c’est là que vous vous trompez : l’écoute qualifiée est l’une des compétences interpersonnelles les plus difficiles à maîtriser.
Lorsque vous passez de conseils à l’écoute, vous ne donnez pas seulement à vos amis ce dont ils ont besoin, vous acquérez également une nouvelle compétence primordiale.
Il ne peut y avoir de conseil avant l’écoute, et souvent la seule écoute suffit. Cela peut vous paraître évident comme ça, mais la réalité quotidienne montre que, fréquemment, les personnes, soit ne sont pas intéressées par les problèmes des autres, soit n’attendent pas de les comprendre pour donner des solutions.
L’expérience d’accompagnement en coaching de vie démontre qu’il faut attendre une demande claire d’aide pour que celle-ci se révèle d’une efficacité quelconque. Tant que cette demande n’intervient pas, les conseils ne servent à rien. Pour que ces derniers soient utiles, il faut que la personne en face ait fait le tour de ses capacités personnelles à résoudre son problème et aient exprimé clairement une demande.
Alors, c’est vrai que c’est un peu frustrant de connaître la solution d’un problème et de devoir la garder pour soi, mais, tant que vous êtes dans l’écoute les deux partis progressent, alors que quand vous êtes dans le conseil non sollicité, personne ne progresse.
Ecouter vous rapproche de l’autre, vous êtes donc, de ce fait, en situation d’unité ; conseiller sans y être sollicité vous éloigne de l’autre en affirmant une supériorité, vous êtes alors en situation de séparation.
Vous êtes-vous déjà senti comme un « ami provisoire » pour un nouveau collègue de travail, jusqu'à ce qu'il se fraye un chemin parmi les « gens qui comptent » ?
Ou peut-être une connaissance a-t-elle voulu passer plus de temps avec vous pendant une période difficile, pour vous laisser tomber ensuite, une fois qu'elle est sortie d’affaire.
Si vous sentez que vous êtes la seule personne authentique et loyale que vous connaissiez, vous avez peut-être raison.
On a parfois l’impression que le monde manque cruellement de personnes de qualité, en particulier dans des environnements où nous ne choisissons pas les personnes avec qui nous passons du temps, notamment au travail.
Alors on se sent amer, désenchanté, dévalorisé…
D’autant plus que, au fond, vous savez que vous êtes le seul à en souffrir.
La vérité est que les gens valorisent différentes choses.
Certaines personnes valorisent leur importance, leur égo, leurs brillantes réalisations, etc. Si vous décidez de ne pas jouer à ce jeu, il est tout à fait naturel que ceux qui y jouent ne se sentent pas durablement proche de vous.
Mais si vous essayez d’entrer dans ce jeu morbide, si vous supprimez les choses que vous appréciez, comme la bienveillance et la générosité, non seulement vous vous sentirez sous-estimé par les autres (ils verront vite que vous n’êtes pas un très bon partenaire de jeu), mais, de surcroit, vous vous trahirez vous-même.
Continuez à mettre votre bienveillance en avant, si c’est ce qui donne un sens à votre vie. Si vous persistez, même quand vous vous sentez rejeté, vous allez progressivement trouver et rassembler autour de vous des personnes partageant les mêmes valeurs.
L’unité et la séparation sont deux énergies opposées et il est fortement conseillé de faire un choix pour l’une d’elles.
Ne vous désolez pas de ne pouvoir « servir deux maîtres à la fois », vous vous épuiseriez en vain. Il y a infiniment plus d’épanouissement à s’investir à fond dans l’un d’eux (et j’imagine que vous comprenez duquel je veux parler…).
Donc :
. donnez de vous le plus efficacement possible en apprenant à manier l’énergie que vous avez choisie,
. persistez dans cette énergie, même quand vous vous sentez effrayé.
A la fin, vous ne pouvez pas perdre !