(cet article est écrit en liaison avec la participation au « carnaval d’articles » organisé par le site www.penser-et-agir.fr)
Etre vrai et sincère avec soi-même est un préalable indispensable en matière de prise de responsabilité par rapport à son environnement. Savoir prendre ses responsabilités demeure l’une des principales voies pour accéder à une autonomie personnelle libératrice.
Pour répondre à la question : « comment devenir vrai et sincère avec soi-même ? », il me semble nécessaire de répondre séparément aux deux éléments de cette question :
Premièrement : qu’est-ce que cela signifie qu’être vrai ?
Deuxièmement : qu’est-ce que cela signifie d’être sincère avec soi-même ?
En psychologie, on a tendance à dire que l’on est ce qui constitue notre caractère : nos émotions, nos failles, nos traumatismes refoulés, nos désirs inconscients, et que, travailler ces éléments pour en prendre conscience et les accepter mène à la possibilité d’être vrai à la fois avec soi-même et avec les autres.
Pour être très schématique (et je m’en excuse auprès de mes amis psys), nous sommes constitués d’une base de départ (caractère, émotions, etc.), qu’il faut connaître, mettre en ordre et assumer pour avoir accès à l’épanouissement d’être vraiment soi-même.
J’ai un sincère respect pour la science de la psychologie, mais, comme nous sommes ici sur un blog de coaching, la vision peut être différente (et complémentaire).
Partons toutefois d’une définition de ce qu’est « être vrai » donnée par un éminent psychologue.
Edmond Marc, Docteur en psychologie, dit : « Etre vrai, ce n’est pas dire tout ce que l’on pense, mais c’est ressentir et penser tout ce que l’on dit. »
Je souscris à cette définition, même si on comprend bien qu’elle s’applique au fait d’être vrai avec les autres. Peut-on la reprendre pour définir le fait d’être vrai avec soi-même ?
Evidemment non ! Comment ne pas se dire à soi-même tout ce que l’on pense… soi-même ?
Cette définition fonctionne parce qu’il y a moi et il y a les autres ; il y a ce que je pense et ce que j’en transmets aux autres. Mais comment faire quand je suis la seule personne concernée ? Il y a ce que je pense et… ce que je pense. Et si ce n’est pas la même chose, c’est sans doute que je souffre de troubles schizophréniques, ce qui n’est pas le sujet de ce post.
Le vrai est l’expression d’une réalité, d’une vérité (qui peut n’être que personnelle). Ce n’est pas la vérité elle-même. Le vrai nécessite une vérité antérieure, un référentiel permettant de servir de support au vrai, qui, lui, n’en est que l’expression. Quand nous affirmons : « c’est vrai ! », nous faisons référence à quelque chose. Le « vrai » n’existe pas par lui-même, il existe par rapport à une vérité.
Mais alors, si nous devons être vrai avec nous-même, cela signifie être vrai par rapport à quoi ? A quel référentiel ? Etre vrai par rapport à ses envies ? A son caractère et à ses humeurs ? A ses besoins matériels ?
Que choisir comme référence pour savoir ce qui est vrai en moi et ce qui est faux ? Comment puis-je correspondre à moi-même ?
Où trouver le référentiel personnel qui nous permette d’être sûr d’être vrai avec nous-même ?
Il existe, à mon avis, deux types de référentiels : les référentiels collectifs et les référentiels individuels. Sachant que les uns n’excluent pas forcément les autres, il est toutefois important de définir, pour soi-même, celui qui a la priorité.
On peut citer, parmi les référentiels collectifs : la loi, la religion, l’appartenance politique, l’appartenance à une nation, etc.
Concernant les référentiels individuels, on peut citer : les envies, notre caractère, nos valeurs de vie, etc.
Le choix du référentiel est, à mon avis, l’un des sujets les plus cruciaux qui existent dans la vie d’une personne, dans la mesure où il conditionne en grande partie notre relation au monde : ce que nous allons émettre comme attitudes en direction de notre environnement et ce que le monde va nous renvoyer en écho.
Je ne me lancerai pas dans le jugement des différents référentiels collectifs et individuels, car c’est clairement la liberté de chacun d’estimer que les uns ou les autres sont mieux adaptés à sa vie.
Ce qui me semble important en la matière, c’est de choisir un référentiel prioritaire qui puisse être partagé avec le maximum de personne pour faciliter l’échange et le partage des différences. Un référentiel qui soit capable de créer l’unité la plus large possible.
Pourquoi ? Parce que, si vous lisez cet article, c’est que vous êtes en quête de développement personnel et que votre objectif n’est vraisemblablement pas l’égoïsme effréné.
Ceux qui me font l’honneur de lire régulièrement mes posts savent que le référentiel que je privilégie de manière générale est celui des valeurs de vie, choisies en pleine conscience, travaillées et pratiquées. C’est un système qui a la qualité de nous engager non seulement vis-à-vis de nous-même, mais également vis-à-vis des autres.
Ce référentiel individuel présente les avantages d’être aconfessionnel, facilement identifiable, largement unitaire et surtout adaptable à chacun. Autant de qualités qui permettent une congruence entre « vérité » personnelle et « être vrai » avec soi-même, dans le respect des différences.
La première étape pour être en mesure d’être vrai avec soi-même me semble donc consister à définir son référentiel prioritaire. Celui-ci permettra de disposer d’un système de vérité personnelle servant à évaluer la capacité à être vrai.
Etre vrai est donc, pour moi, non pas une attitude, mais une capacité. C’est choisir un référentiel personnel qui nous identifie dans ce que nous sommes en profondeur. On n’est pas vrai avec soi-même, on est vrai tout court.
Sans ce référentiel, nous sommes baladés au gré de nos humeurs et de nos désirs du moment. Nous risquons l’incohérence, l’impermanence, et donc l’impossibilité de construire une progression.
Etre vrai ne devient possible qu’en choisissant et en travaillant un référentiel qui nous est propre.
Toutefois, si nous voulons que ce travail pour « être vrai » serve à quelque chose, encore faut-il, qu’en aval, nous soyons capable d’être sincère avec nous-même.
De manière assez simple, être sincère avec soi-même devrait consister à être cohérent, dans ses comportements au quotidien, avec son référentiel prioritaire, qu’il soit collectif ou individuel.
Toutefois, si cela peut paraître simple intellectuellement, ce n’est en réalité pas si facile dans les faits.
Nous sommes tous confrontés à des contradictions de nos référentiels et à devoir faire des choix qui nous engagent, tout en ayant la certitude d’une forme d’incohérence.
Pour prendre un exemple : si je suis contre l’avortement à titre personnel avec un référentiel principal collectif basé sur ma religion, j’aurai beau avoir un référentiel secondaire basé sur des valeurs de vie d’unité, si je veux être cohérent avec mon référentiel principal je serai porté à vouloir que la loi (référentiel collectif) interdise tout recours à l’avortement, puisque ma religion elle-même l’interdit.
Je serai incohérent avec de nombreuses valeurs de vie d’unité importantes comme l’Humilité, ou la Liberté, ou bien d’autres encore, qui sont pourtant également prônées par ma religion ; mais en définitive, qui suis-je pour vouloir décider à la place de l’autre ce qui est bien pour lui ? Que sais-je de la situation que peut vivre une femme qui prend la décision d’avorter ? Et quelle responsabilité personnelle suis-je prêt à prendre sur son avenir ?
Comment, dans ce type de situation, être sincère avec soi-même dans la mesure où la sincérité découle de la cohérence ?
A contrario, si je suis contre l’avortement à titre personnel avec un référentiel principal individuel basé sur des valeurs de vie d’unité, quels que soient mon ou mes référentiels secondaires, j’aurai comme ligne de conduite de me conformer à mes valeurs de vie. A ce titre, un référentiel collectif ne pourra se substituer à mon référentiel individuel et je serai opposé à l’interdiction légale de l’avortement.
Dans ces conditions, si je suis confronté personnellement à une personne en réflexion sur la possibilité d’avorter, je ferai tout mon possible, en fonction de sa situation, pour l’inciter à prendre une autre décision, mais je ne souhaiterai en aucun cas qu’un référentiel collectif (la loi) dicte sa conduite à la personne et, quelque part, me décharge de ma responsabilité d’assumer mes valeurs de vie d’unité.
Je serai cohérent, donc sincère avec moi-même dans mon attitude face à cette situation.
Si j’ai, comme référentiel secondaire la religion, je serai en contradiction avec la position de l’organisation religieuse concernée en la matière, mais serai-je en contradiction avec les fondamentaux de cette religion ? Et lequel des deux prime sur l’autre ? C’est à chacun de répondre…
Chaque action nous entraine vers des conséquences, et en vivant qui je suis, je deviens qui je veux être. Cela peut avoir l’air bête dit comme ça, mais, a contrario, il m’est impossible de devenir qui j’aspire à être si je ne sais pas gérer une situation présente en cohérence avec qui je suis.
A ce titre, « être sincère avec soi-même », selon moi, c’est autant vivre ce que l’on est, que devenir ce que l’on aspire à être.
Etre sincère avec soi-même c’est gérer le présent de façon cohérente pour avoir une chance de devenir qui j’aspire à être, c’est-à-dire à évoluer vers une meilleure version de moi-même.
Etre vrai ET sincère avec soi-même c’est être en mesure de se regarder dans un miroir et que celui-ci puisse répondre non pas « tu es la plus belle en ce royaume », mais « tu sais profondément pour quelles raisons tu as fait ce choix et tu peux en être fier ».