Pour gérer un conflit, la facilité n'est pas toujours la meilleure solution. Certes, nous sommes tous en recherche de facilité. La facilité, c’est ce que notre cerveau préfère.
Mais la facilité ne vous mènera pas où vous voulez aller en la matière. Fuir un conflit, un problème, est aisé, mais destructeur pour vous-même et pour les autres. Il est probable que tenter de le résoudre soit difficile, qu’y parvenir vous demande de vrais efforts.
C’est réjouissant, épanouissant, mais difficile.
J’aborde ce sujet parce que l’un de mes clients en coaching de vie me disait récemment qu’utiliser la méthode des valeurs de vie en plein milieu d’un conflit professionnel se révélait difficile pour lui.
Confronté à un supérieur hiérarchique avec lequel les relations étaient conflictuelles, il perdait pied dans l’application de la méthode que nous avions travaillé ensemble.
Ce client était fortement impliqué dans les séances de coaching, marquait un intérêt particulièrement aiguisé pour aller en profondeur dans la compréhension et dans l’intégration de cette méthode. Un bonheur !
En revanche, étant assez impulsif (c’est un euphémisme), face à son chef qu’il considérait comme incompétent, peu impliqué et critique, il dérapait dans sa volonté de mettre en application ses valeurs de vie dans la relation et ne parvenait pas à faire progresser celle-ci.
Et, effectivement, passer de la théorie à la pratique (même si nous avions fait des exercices simulant l’emploi de la méthode des valeurs de vie) n’est pas toujours une mince affaire.
En cas de conflit significatif, l’émotion prend souvent le pas sur l’intellect. Il devient alors particulièrement difficile de gérer la situation à partir de ses valeurs de vie.
Si l’on se sent atteint dans son intégrité personnelle, dans son égo, ou encore plus dans ses bonnes intentions, prendre du recul face à la situation et à ses enjeux peut, parfois, sembler relever de l’impossible.
C’est là où il faut être capable de dédoubler la dimension psycho-émotionnelle, laisser l’émotion de côté pour se concentrer sur la réflexion pour savoir au mieux gérer un conflit.
Plus facile à dire qu’à faire ? Certainement !
C’est pourquoi, quand ce type de déstabilisation se produit, je conseille, dans la mesure du possible, d’avoir à sa disposition un papier et un crayon.
Ce matériel a deux fonctions :
. d’une part de constituer un support physique vous permettant de détourner votre esprit des émotions qui vous envahissent en dirigeant votre concentration sur quelque chose de tangible ;
. d’autre part, de vous permettre de structurer votre réflexion rapidement pour faire face à la situation.
Comme vous le savez, en aval d’une différence de valeurs de vie entre deux personnes, un conflit peut avoir trois types d’origines :
Résoudre un conflit ponctuel, dans ce cas d’espèce, n’a qu’un intérêt très limité, car le conflit n’est pas là pour être résolu, mais pour nuire à l’autre.
L’intention étant hostile, il se produira dans un avenir plus ou moins proche, selon toute vraisemblance, un nouveau conflit avec la même personne. L’objectif du premier conflit, si ce dernier est techniquement résolu, n’ayant pas été atteint, il faudra en trouver un autre pour tenter de l’atteindre.
C’est le type de conflit le plus difficile à apaiser, car il est basé sur une forme de haine initiale, ou en tout cas de volonté de séparation claire de la part de l’un ou/et de l’autre des impétrants. Une solution durable ne peut venir que d’une mise en harmonie des valeurs gouvernant les intentions (valeurs d’Essence). Cette mise en harmonie peut nécessiter de revenir des années en arrière pour purger la source de la mauvaise intention.
C’est le cas, par exemple, quand je formule un avis de manière indélicate (et ça m’arrive malheureusement souvent… désolé…) et que, ce faisant, je génère un conflit avec une autre personne qui interprète mes paroles dans un sens qui ne correspond pas à mon intention.
En l’occurrence, je n’ai pas eu conscience des effets de mes paroles sur l’autre et ce manque de conscience a généré un conflit.
Ce peut être également le cas professionnellement, si une personne effectue un travail de façon erronée. C’est souvent non intentionnel, mais par manque de conscience de son environnement et des répercussions de son action.
La solution du conflit passera alors par un échange d’informations, de connaissances, permettant d’harmoniser la conscience entre les deux individus (ou groupes) et les valeurs auxquelles faire appel seront les valeurs de Conscience.
Ce choix peut avoir été réalisé sans aucune mauvaise intention et en pleine connaissance de cause et générer quand même un conflit.
L’action ayant été posée, la solution viendra de l’insertion du temps et de l’espace comme paramètres de résolution du conflit.
Si vous voulez optimiser votre capacité d’influence vis-à-vis de votre interlocuteur, il vous faudra alors faire appel aux valeurs de vie d’Evolution.
Alors, concrètement, comment faire :
1/ Prenez votre papier et votre crayon et servez-vous de cet instant pour prendre une ample respiration en inspirant par le nez et en expirant par la bouche.
2/ Ecrivez les trois mots suivants : « INTENTION », « REFLEXION », « ACTION »
Si vous souhaitez être discret dans le cas où votre contradicteur est à proximité, vous pouvez n’inscrire que les initiales des trois thèmes : I, R et A.
3/ Identifiez la source du problème en fonction de ces trois critères et entourez le mot correspondant.
4/ Identifiez la source du problème en fonction de la personne qui se trouve en défaut dans la situation (c’est peut-être vous-même qui l’êtes ; soyez honnête ; faire son autocritique, si elle est justifiée, permet de progresser et de faire progresser son environnement).
5/ Concentrez-vous sur le type de source de problème (I, R ou A) que vous avez entouré et faites appel aux valeurs de vie que vous avez préalablement listées et classées (depuis le temps que je vous en parle, j’espère que vous avez fait cette liste il y a déjà longtemps…). Appliquez celle qui vous semble adéquate à vous-même si c’est vous qui êtes en défaut, ou développez un argumentaire en vous appuyant dessus si c’est l’autre qui est en défaut.
Il est très difficile, pour quelqu’un de « normal » de contrer une argumentation judicieuse basée sur des valeurs de vie unitaires. Certes, il faut choisir celles qui correspondent à la situation, mais la classification que vous avez réalisée entre les valeurs de vie d’Essence, de Conscience et d’Evolution doit vous faciliter la tâche (si vous ne savez pas de quoi je parle, venez me voir. Nous le ferons ensemble).
Vous n’êtes pas obligé de citer la valeur de vie en question. Le faire peut générer un décalage entre le niveau auquel vous intervenez et celui auquel se place votre interlocuteur, ce qui risque de brouiller l’efficacité de la communication.
En revanche, vous pouvez mettre en scène cette valeur de vie à travers des exemples, des histoires ou des concepts, qui seront plus aisés à entendre par votre contradicteur.
Voilà, les premières fois, vous aurez peut-être l’impression d’être passé dans une lessiveuse à l’issue de votre confrontation, mais vous constaterez que vous avez fait progressé la situation, la solution du problème, la personne en face de vous, ainsi que vous-même.
Ce sera peut-être difficile - notamment de mettre vos émotions de côté – mais le jeu en vaut la chandelle. Vous verrez.
De plus, plus vous pratiquerez, plus facile et efficace sera l'exercice, et donc plus votre cerveau aimera cette méthode...