Nous pouvons tous, à un moment ou à un autre, une sensation de vulnérabilité, ressentir un sentiment de vulnérabilité, de fragilité face au regard des autres. Point n’est besoin d’être spécialement timide, il suffit d’être présenté face à un public, restreint ou nombreux peu importe, à l’occasion d’un exercice inhabituel, pour ressentir un malaise, une forme de peur d’être jugé par rapport à une prestation précise.
Et bien… ce n’est pas de ça dont je veux parler. Pour surmonter ce genre de problème passager, il y a des techniques spécifiques relatives à l’apprentissage de prise de parole en public, les ancrages PNL, etc.
Je ne parle pas non plus des paranoïaques pathologiques, qui en font un art de vivre dont ils souffrent effroyablement tout au long de leur vie.
Je veux parler des personnes qui accordent une telle importance au regard des autres qu’elles s’en pourrissent la vie (et accessoirement celle des autres aussi…). Celles qui, lorsqu’une personne se met à rire dans la même pièce, ont comme première réaction de croire que c’est d’elle que l’autre se moque. Des personnes qui se sentent tellement fragiles en société qu’elles tentent, par tous les moyens, de se conformer, dans leurs relations aux autres, à la perception qu’elles ont de ce que ceux-ci veulent.
En tant que coach en développement personnel, je coachais dernièrement une charmante jeune femme ayant de très nombreuses qualités (vraiment une belle personne), mais souffrant de cette fragilité face au regard des autres qui l’empêchait de développer une vie sociale épanouie.
Elle refusait obstinément de s’exprimer au sein de tous les groupes dont elle faisait partie (famille, amis, collègues, etc.) de peur d’être jugée, évaluée et finalement critiquée. De ce fait, ses relations s’appauvrissaient à la fois en quantité et en qualité.
Or, ses seuls moments de bonheur, dans ses souvenirs, étaient liés à des situations où elle parvenait à s’exprimer, à s’épanouir en société.
Vous me direz : « facile ! Il suffit de travailler pour développer la confiance en soi de cette personne ». Oui, mais comment faire quand le référentiel unique est le regard de l’autre ? Par où commencer quand la réalité personnelle est tellement faible qu’elle ne constitue pas un point d’appui ?
Il existe certainement de nombreuses méthodes très efficaces que développent avec succès d’autres coaches de vie. Pour ma part, dans ce cas, j’ai commencé par un travail sur la bienveillance, puis sur la curiosité, pour finir par l’attrait pour la différence.
Le cheminement commence sur ce thème car, dans la mesure où le référentiel incontournable de départ est le regard des autres, le premier travail doit être effectué en liaison avec ces « autres » qui constituent à la fois une fascination et un danger.
Tant que le terrain n’est pas déminé, le danger persiste et la progression est compliquée. On peut expliquer à la personne toutes les qualités qu’elle possède, lui conseiller des exercices pour les mettre en œuvre et les faire percevoir par son entourage, les progrès sont lents et incertains. Le jugement des autres étant toujours source d’angoisses, il suffit du moindre revers en société pour fragiliser durablement la personne.
L’un des principaux problèmes rencontré par la vulnérabilité au regard des autres est que la personne est dans une démarche constante de comparaison dans un premier temps, puis de jugement ensuite. Elle est, de ce fait, convaincue que les autres procèdent de même.
Elle se dit : « j’aurais pu dire la même chose… » ou « j’aurais pu faire mieux que l’autre… », mais elle ne l’a pas dit ou ne l’a pas fait et en conçoit une frustration qui nourrit sa mésestime d’elle-même.
Le travail sur la bienveillance permet, en premier lieu, d’apprendre à modifier positivement son rapport à l’autre. Il ne s’agit plus de comparer et de juger, mais d’adopter une attitude positive vis-à-vis de l’autre. De mettre en valeur son interlocuteur.
Au lieu de rechercher seulement en soi les ressources pour vaincre son problème (problème qui vient de la perception qu’on a du regard de l’autre), on se sert de l’autre pour modifier le regard que l’on a sur la relation.
Si je suis bienveillant avec l’autre, si je m’astreins à voir ses dires et ses actions comme positifs, celui-ci se sentira valorisé et me renverra une image de moi-même comme quelqu’un de valorisant, donc d’attractif, recherchera le lien avec moi et son regard apaisera mes craintes.
Attention, il ne s’agit pas d’exprimer une admiration béate systématique envers tout le monde dans le but d’être aimé. Vous êtes suffisamment intelligent(e) pour le savoir. Nous savons tous que l’amour ne s’achète pas de la sorte. On n’aime pas quelqu’un parce qu’il vous aime, mais parce que sa personnalité est aimable. Rien ne sert d’ensevelir quelqu’un sous des marques d’amour si cette personne ne trouve pas valorisant d’être aimé par vous.
En revanche, en tant que première étape vers la domestication de ma perception du regard de l’autre, ce travail est loin d’être inutile. Je vais m’apercevoir assez vite que les autres ne passent pas leur temps à me juger et à me dénigrer, mais qu’ils sont tout disposés à m’apprécier dans une relation bienveillante.
La base de bienveillance devenant la règle, la crainte du regard de l’autre commence à s’estomper.
Est-ce suffisant pour développer une confiance en soi indéfectible ? Parfois oui, mais, évidemment, le plus souvent non.
Il semble nécessaire d’aller plus loin et de travailler sur d’autres valeurs de vie pour parvenir à un changement pérenne.
Je place la curiosité en seconde position des valeurs à travailler dans le cadre de la lutte contre la peur du regard de l’autre, car si la bienveillance n’est pas première, la curiosité risque de s’exprimer, ou d’être perçue comme s’exprimant, dans un environnement possiblement malsain de prise d’information et non de lien positif mutuellement enrichissant.
Ceux d’entre vous qui sont un peu avancés en matière de développement personnel savent pertinemment que, d’une manière générale, il est plus facile de parler de soi que d’apporter une écoute attentive et constructive à l’autre. Beaucoup de personnes adorent parler d’elles-mêmes sans prêter grande attention à celui, celle, ou ceux à qui elles parlent.
Or, on ne s’enrichit jamais autant qu’en écoutant avec bienveillance quelqu’un d’autre. En fait, le plus souvent, l’autre n’est pas dans le jugement de vous, il est dans l’expression de lui-même. Alors, détendez-vous et apprenez ! Le moment viendra où votre écoute active, animée par la curiosité bienveillante vous sera rendue par les personnes qui vous sont, ou seront, chères. Et quand ce moment viendra, vous vous serez enrichi de tellement de façons de penser différentes que vous saurez construire des relations profondes et solides.
La démarche peut se poursuivre, alors, par un travail sur...
La curiosité consiste en une prise d’information. Avec une base de bienveillance, comme nous l’avons vu précédemment, mais ce n’est qu’une prise d’information. Je peux être curieux de l’autre en espérant qu’il pense de la même façon que moi, ce qui me permettra de m’en sentir proche de façon immédiate.
Cette curiosité ne fait pas forcément disparaître la peur de la différence. Dans nos sociétés actuelles, la différence est extrêmement souvent affirmée comme justification raisonnable à la séparation. Il suffit de constater les hommes/idéologies portées au pouvoir par les peuples : d’Erdogan à Trump, de Poutine à Maduro, etc. Des idéologies nationalistes fleurissent et prospèrent aux quatre coins du monde en surfant sur la peur de la différence. C’est un lieu commun que j’énonce ici, mais… j’avais envie de le dire…
Or, après près de 30 années de coaching en développement personnel, de rencontre de tellement de différences, je peux affirmer (à titre purement personnel) qu’il n’y a pas de plus grande source d’enrichissement, de progression et d’épanouissement que la confrontation à la différence.
Dites-vous bien que la peur est fille d’ignorance. Il n’y a pas de danger dans la différence (autre que celle des valeurs de vie), il n’y a qu’extension de conscience. Et quand la conscience s’étend, la peur de l’autre et de son regard disparait.
Admettre avoir peur du regard de l’autre, c’est entériner son ignorance et refuser de la combler.
Avoir soif de l’autre ne vous affaiblira pas, bien au contraire. Apprenez l’autre, il ne vous jugera pas, il vous servira. Pas en termes de pouvoir, mais dans tous les autres sens du terme.
Vous pouvez faire cette démarche de vous-même, ou bien vous faire accompagner par un coach de vie qui structurera votre approche par un travail en amont sur votre système de valeurs de vie, en facilitera l’emploi, et sécurisera votre progression par une assistance et des exercices spécifiques à votre sensibilité personnelle. C’est à vous de voir…