La question de se définir soi-même pour parvenir à aimer qui l’on est relève d’une grande complexité.
En complément de mon récent post : « Comment avoir confiance en soi » une expérience récente me pousse à développer ce sujet.
Il y a quelques jours, je participais à une émission radio, sur le thème : « comment supporter vos collègues au travail », en compagnie de deux autres intervenants, dont un prêtre.
Ce dernier, à un moment donné, eut cette remarque : « il faut cesser de s’aimer pour ce que l’on fait, mais s’aimer pour qui on est ».
Pourquoi pas… mais qui est-on ? C’est une question à laquelle il n’est malheureusement pas si facile de répondre.
C’est pourtant une question fondamentale pour toute personne qui souhaite effectuer un développement personnel, et pour toute personne souhaitant consolider sa confiance en soi.
Or, s’il est possible d’approcher la conscience de qui l’on est, cela est-il très différent de ce que l’on fait ?
Si vous avez lu mes précédents posts, vous savez quelle définition je partage de la constitution de l’être humain. Celui-ci est constitué de trois dimensions : les dimensions
. physique,
. psycho-émotionnelle et
. spirituelle.
La dimension physique est constituée de notre corps physique,
La dimension psycho-émotionnelle est constituée de nos émotions et de notre réflexion,
La dimension spirituelle est constituée d’énergie, de vibrations et de nos valeurs de vie.
Aimer qui l’on est reviendrait donc à aimer ce dont nous sommes constitués.
Même si cela tient parfois de la gageure, pourquoi pas, mais qu’est-ce que cela apporte réellement ?
Vous vous imaginez vous placer devant un miroir et vous admirer profondément, ou même tout simplement éprouver de l’amour pour l’image que vous renvoie la glace ?
Je sais que certains coaches (dont moi, parfois) suggèrent cet exercice à des personnes en déficit de confiance en soi, mais cela reste plutôt un exercice pour s’accepter, plus que pour s’aimer d’un amour profond.
Il existe des personnes qui aiment leur dimension physique et en font la base de leur conscience du monde, ce sont les racistes. Ceux-là même qui éprouvent une fierté pour leur couleur de peau ou leurs origines au point de s’estimer supérieurs aux autres. Est-ce un amour légitime que de s’aimer pour des raisons complètement indépendantes de toute responsabilité de notre part ?
Donc, même si l’on peut envisager un certain nombre de nuances, aimer sa dimension physique, mis à part une satisfaction égotique, n’apporte pas grand-chose dans la construction d’une vie harmonieuse.
Cela signifie aimer son intelligence et ses émotions…
Son intelligence ? Vous vous imaginez vous dire à vous-même : « qu’est-ce que je suis intelligent ! », « j’adore ma tournure d’esprit ! », etc. ?
Qu’est-ce qui vous ferait dire cela ? Par quelles raisons pourriez-vous justifier, de manière non égotique, de telles affirmations ?
Un test de Q.I. ? Mais de quelle intelligence parlons-nous ? Intelligence logico-mathématique ? Intelligence verbo-linguistique ? Intelligence musicale-rythmique ? Intelligence corporelle-kinesthésique ? Intelligence visuelle-spatiale ? Intelligence interpersonnelle ? Intelligence intra personnelle ? Ou intelligence naturaliste-écologiste ?
Ça devient compliqué, non ?
Evaluer son intelligence pour en faire quelque chose digne d’amour en soi parait donc assez aléatoire et peu fiable.
Ses émotions ? On aime ressentir des émotions positives, mais rarement des émotions négatives.
Les émotions sont des réactions à notre environnement. Elles peuvent avoir une signification permettant de définir notre caractère.
Par exemple, si l’on est confronté à une émotion de peur, on peut réagir avec courage ou pas, de manière constructive ou non.
Toutefois, ce ne sont pas les émotions que l’on aime, mais éventuellement nos réactions à ces émotions, notre ressenti quand elles surviennent et l’usage que nous faisons ensuite de ce ressenti.
Les émotions sont une expression de sensibilité et la sensibilité permet de percevoir des informations non explicites sur notre environnement.
De là à aimer nos émotions en soi… je manque sans doute d’imagination, mais j’ai du mal à concevoir de l’amour pour mes émotions, dans la mesure où elles sont des réactions, généralement involontaires, à une réalité qui s’impose à moi.
La dimension spirituelle, à l’instar des autres dimensions, peut nous apporter du bonheur, mais peut-on « aimer » sa dimension spirituelle en elle-même ?
Dans son aspect subjectif, cette dimension est faite de croyances (ce qui n’est évidemment pas une tentative de ma part pour invalider cet aspect). Dans son aspect « physique », au sens physique quantique, elle est faite d’énergie et de vibrations.
Ce qui la relie de manière consciente au monde incarné, ce sont les valeurs de vie. Selon mon expérience (subjective également), c’est leur pratique qui va permettre de faire varier le niveau vibratoire de la dimension spirituelle.
Si je mets en pratique des valeurs de concorde, de respect, d’amour, j’augmente mon niveau vibratoire. A contrario, si je pratique des valeurs de division, de mépris, d’égoïsme ou d’ostracisme, je fais baisser mon niveau vibratoire. Ces variations ayant des conséquences sur la réalité dans laquelle je vais m’inscrire.
Alors, certes, on peut s’aimer à travers ses valeurs de vie, mais…
Mais les valeurs de vie ne sont dignes de ce nom qu’à partir du moment où elles sont mises en pratique. Si l’on se choisit de magnifiques valeurs de vie, mais qu’on ne les met pas en pratique, ce ne sont qu’au mieux de bonnes intentions et, au pire, de simples fantasmes.
Cela n’a donc aucune signification de s’aimer pour ses valeurs de vie, tant qu’on ne les traduit pas en acte.
Une fois qu’on traduit en acte ses valeurs de vie et que l’on aime ce qui en ressort, c’est là qu’elles prennent toute leur importance en maximisant le bonheur que l’on ressent.
Par exemple, si je cuisine un bon repas pour des amis, je motive préalablement mon action par des valeurs comme Accueil, ou Convivialité, ou Générosité, ou Amour, ou toutes ces valeurs à la fois. Ces motivations – si tant est que le repas soit mangeable – transparaitront dans le succès de la soirée, je pourrai alors être « fier » de ma prestation et aimer ce que mes valeurs m’ont permis d’accomplir.
Le mécanisme général est le suivant :
La dimension spirituelle, à travers la pratique des valeurs de vie, donne la motivation et les objectifs profonds,
la dimension psycho émotionnelle sélectionne l’objectif concret final et organise la mise en pratique des valeurs de vie, par l’intellect,
la dimension matérielle réalise l’action.
Une fois l’action réalisée cela remonte en sens inverse :
La dimension psycho-émotionnelle permet de ressentir et analyser les émotions issues de l’action pour voir si elles sont en accord avec l’objectif profond initial,
Et le niveau vibratoire de la dimension spirituelle évolue en fonction des valeurs de vie ayant motivé l’action. S’il n’y a pas d’action, le niveau vibratoire n’est aucunement impacté par les valeurs de vie.
C’est aimer ce que l’on fait qui nous fait aimer qui l’on est, avec l’impermanence absolue de cet amour, car il est conditionné par l’incertitude sur la prochaine attitude que l’on aura.
En bref : j’aime qui j’ai été, mais qu’en sera-t-il après ma prochaine action, ou ma réaction à la prochaine difficulté ? Aurai-je des regrets qui feront diminuer mon estime de moi-même, ou en tirerai-je le bonheur d’avoir vécu quelque chose de fort ?
Si je reprends l’affirmation de ce prêtre : « il faut cesser de s’aimer pour ce que l’on fait, mais s’aimer pour qui on est »… cesser de s’aimer pour ce que l’on fait entraine la réalité d’arrêter d’aimer qui l’on est.
Aimer qui vous êtes est indissociable d’aimer ce que vous faites. Donc, aimez ce que vous faites pour aimer qui vous êtes. L’un est le seul chemin qui mène à l’autre.
P.S. : Si vous voulez aimer ce que vous faites, il faut que ce que vous faites ait un sens plus important que la seule réponse à des contraintes matérielles.
Et la manière la plus efficace de donner un sens profond à ce que l’on vit est de passer par la compréhension de la pratique des valeurs de vie.