L’amour est un vaste sujet, je ne vous apprends rien… C’est, entre autres choses, une des valeurs de vie les plus reliantes, les plus facteur d’unité, que l’on puisse trouver. S'aimer soi-même fait clairement partie du sujet.
Les religions judéo-chrétiennes évoquent cette valeur de vie dans leur source originelle, dans le premier des dix commandements : « un seul Dieu tu adoreras et aimeras parfaitement ».
Dans l’une de ces religions : la religion chrétienne, le Christ complète le premier commandement biblique par : … et tu aimeras les autres comme toi-même.
Chacun pensera ce qu’il veut des religions, mon propos n’est pas de faire l’apologie de l’une ou l’autre d’entre elles, mais d’essayer de percevoir, à mon échelle, la pertinence de ce commandement (ou peut-être de ce conseil…) pour inciter certaines personnes à parvenir à un objectif particulièrement compliqué à atteindre : s’aimer soi-même.
Alors, quel est l’intérêt de ce « commandement complémentaire » ? Se pourrait-il qu’il donne le mode d’emploi du premier commandement historique ? Ne faudrait-il pas lire le commandement complet à l’envers pour être en mesure de le comprendre et de l’appliquer ?
Dans notre société actuelle, force est de constater que s’aimer soi-même est compliqué et que nombreuses sont les personnes qui éprouvent de grandes difficultés en la matière. Je dirais même que, selon mon expérience de coach de vie (qui n’a pas de portée universelle, bien sûr, mais qui me confère une certaine expérience de l’humain), peu de personnes s’aiment pour de bonnes raisons. Des raisons susceptibles de les rendre fortes et de nature à apporter aux autres ce lien de force.
En disant : « Aime les autre comme toi-même », on comprend bien que la référence, le point de départ de tout amour envers quelqu’un, c’est soi-même. On apprend à aimer sur soi-même d’abord et on aimera l’autre à l’aune de l’amour que l’on éprouve pour nous-même : pour schématiser, si l’on s’aime intelligemment, on aimera les autres intelligemment ; si l’on s’aime bêtement, on aimera les autres bêtement. Ou encore, si l’on s’aime pour de bonnes raisons, on saura aimer les autres pour de bonnes raisons et, inversement, si l’on ne s’aime pas, on ne saurait aimer les autres.
Justement : pour être en mesure d’aimer les autres et éventuellement quelque chose de plus grand ensuite.
Mais pas seulement…
Est-ce que je fonctionne en fonction des données et normes sociales héritées de mon environnement ou en fonction d’un objectif de vie personnel ? Et, dans un cas comme dans l’autre, dans quelles proportions ?
Mes comportements, dans les différents domaines de ma vie, sont-ils animés par mes valeurs personnelles consciemment appliquées ou par des réactions plus instinctives au gré des situations rencontrées ?
Au fait, quelles sont mes valeurs de vie personnelles ? Celles qui motivent ma vie, mon lien à l’autre ?
Sans se connaître, il me semble qu’espérer s’aimer soi-même doive rester une chimère.
Nous sommes indissociables de notre environnement. C’est une évidence, mais cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de priorité pour aborder cette symbiose.
Comme je l’ai souvent dit, la seule chose que nous sommes en mesure de contrôler, sur cette terre, c’est nous-même à travers nos valeurs de vie. Ce sont elles qui vont définir notre impact sur notre réalité, sur notre environnement.
Chaque choix va générer une réalité différente. Il est donc primordial de savoir ce qui définit nos choix :
est-ce la peur ? « Si je parais trop gentil, je vais me faire détruire ! », « Si je prends le risque de changer de profession, je ne vais plus pouvoir payer mes factures ».
Est-ce la colère ? « Le comportement de cette personne est inacceptable et me heurte à tel point que la seule réaction possible est l’agressivité pour faire cesser mon mal-être »
Etc.
Mais moi, dans ces réactions, suis-je préservé dans ce que je suis ? Suis-je en chemin, en progression par rapport à ce que je veux vivre ?
Dans le cas contraire, chacune de ces réactions m’éloigne de la meilleure version de moi-même. Comment m’aimer si je sais que je m’éloigne de ce que je devrais être.
Pour rester fidèle à soi-même quand on doit effectuer un choix, il faut s’arrimer à ses valeurs de vie. Si c’est le cas, nous ressentons un sentiment de cohérence profonde et, au final, la vie nous donne toujours raison.
Dans le cas contraire, l’estime de soi diminue (malgré toutes les bonnes raisons que nous invoquons, nous savons que nous n’avons pas été fidèle à nous-même), nous nous affaiblissons et nous ne pouvons aimer cette version de nous-même.
Ce que nous recherchons tous c’est le bonheur et chaque situation vécue est destinée à le construire. Chaque situation à laquelle nous sommes confrontés nous rapproche ou nous éloigne du bonheur auquel nous aspirons.
J’enfonce des portes ouvertes, je sais, mais c’est pour dire qu’il y a une dimension de grande importance dans chacune des situations que nous vivons pour construire notre bonheur.
La promotion professionnelle que nous attendions depuis si longtemps n’est pas plus importante pour construire notre bonheur que le sourire en pleine conscience (en plus de l’argent offert) que nous faisons au mendiant pour le remercier de nous donner, en contrepartie, l’occasion de pratiquer notre valeur Générosité ou Solidarité… pour pas cher…
Chaque situation nous donne l’occasion d’accroître ou de minorer notre estime de nous-même. Cette estime de soi est quelque chose qui se construit progressivement, un peu plus chaque jour, en fonction de la conscience que nous avons d’avoir agi au mieux, en cohérence avec nos valeurs.
Pour vous donner un exemple, je me souviens d’une personne que j’accompagnais en coaching de vie. Elle allait mal et était confronté à une vie qui ne correspondait vraiment pas à ses aspirations : vie affective difficile, problèmes professionnels, vie familiale alambiquée (son conjoint avait des enfants d’un autre lit et les faisait passer systématiquement en priorité), etc.
Un jour, juste avant que le fils de son conjoint ne passe le bac, celui-ci est venu demander à cette femme son avis sur les dangers qu’il encourait à participer à un chahut de fin d’année.
Fatiguée et en difficultés dans ses rapports tant avec l’adolescent qu’avec son père, cette femme, sans l’envoyer sur les roses, ne s’implique sans doute pas autant qu’elle aurait pu dans sa réponse.
L’enfant participe donc au chahut qui se passe mal : des personnes sont molestées et l’ensemble des participants sont exclus de l’établissement scolaire.
Face à ces agissements clairement répréhensibles qui heurtent la femme, le père ne réagit quasiment pas, trouve des excuses à son fils et ne fait donc pas écho aux valeurs de sa conjointe.
La situation s’envenime, dégénère et les relations familiales se dégradent davantage, avec tout le malheur que cela entraîne.
Il ne s’agit évidemment pas là de blâmer qui que ce soit, mais on voit qu’une demande initiale de rapprochement (l’adolescent qui demande un avis à quelqu’un avec lequel il entretient des relations difficiles) à laquelle une réponse seulement approximative est apportée, entraîne une chaine de conséquences qui font vivre une réalité déplorable.
Il y a fort à parier qu’avec des arguments unitaires basés sur ses valeurs de vie, cette femme aurait fait comprendre à l’adolescent qu’il était préférable pour tout le monde qu’il ne participe pas au chahut. Cette conversation aurait rapproché les deux protagonistes. Il n’y aurait pas eu de problème supplémentaire entre les conjoints (même si ça n'aurait pas forcément résolu les autres problèmes avec le conjoint...) et la vie de tout le monde aurait été plus heureuse.
Nos choix créent notre réalité.
Faire les bons choix provient de la mise en pratique de nos valeurs de vie personnelles.
Pratiquer nos valeurs de vie personnelles suppose que nous les connaissions et donc que nous les ayons préalablement travaillées.
Ce qui est écrit précédemment donne évidemment des pistes.
Il faut, tout d’abord, définir la pertinence de la source, de la raison pour laquelle on peut s’aimer soi-même.
S’aimer pour son apparence physique ? Oui, mais qui peut se satisfaire dans sa vie de sa seule apparence physique ? Et si l’on aime son apparence physique, peut-on se satisfaire de n’être aimé que pour cette apparence ?
Si je m’aime pour mon apparence physique, je ne peux demander aux autres de m’aimer pour autre chose, ni leur apporter autre chose.
Aimer comme soi-même signifierait alors que l’on exclue toute personne ne correspondant pas à ses propres critères de beauté (ou au contraire que l’on déteste toute personne plus belle que soi…).
S’aimer pour sa réussite sociale, par la position que l’on a acquise et l’aisance matérielle qu’elle procure ?
Très vite cela procure une sensation de méfiance à l’égard des autres : « m’aiment-ils pour moi ou pour mon argent ? ». L’immense majorité des personnes riches que j’ai rencontrées sont victimes de ce syndrome. Si l’on s’aime à travers sa réussite sociale, c’est ce que l’on apporte aux autres, il ne faut donc pas s’étonner qu’ils vous aiment pour cette raison.
Aimer comme soi-même signifierait alors que l’on exclue toute personne n’étant pas au même niveau social ou susceptible d’avoir un intérêt pécuniaire à la relation.
S’aimer pour son intelligence ? N’est-ce pas la définition de la fatuité ?
Personnellement, je ne vois pas comment il est possible de s’aimer soi-même pour une raison dont nous ne serions pas pleinement responsables.
Pour s’aimer il faut commencer par se connaître. La base de l’indifférence, du non amour ou de la haine est l’ignorance, la non conscience.
S’aimer soi-même, c’est trouver et aimer le lien qui nous unit de manière toute personnelle à notre environnement.
Pour cela il faut définir le type de lien qui nous correspond. Il est strictement personnel, tant dans sa nature que dans la manière de l’exprimer, de le vivre. S’aimer soi-même c’est connaître et assumer sa différence.
L’amour de soi-même provient, enfin, de la cohérence constatée entre ce que l’on souhaite incarner dans sa vie et ce que l’on met effectivement en pratique.
Alors le mode d’emploi pour s’aimer soi-même est simple, c’est :
1. Définissez-vous à travers vos valeurs de vie.
2. Apprenez à les pratiquer avec intelligence et obstination.
3. Prenez conscience des résultats concrets que vous obtenez de cette pratique.
S’aimer soi-même est l’une des tâches les plus difficiles et les plus représentatives de l’essence humaine, alors consacrez-y le temps et les efforts nécessaires. Vous ne le regretterez pas !
Et faites-vous accompagner si vous en ressentez le besoin…