Les psychothérapeutes abordent le sentiment d’abandon comme prenant généralement sa source au cours de l’enfance pour des personnes ayant un parent absent (divorce, décès ou simplement trop occupé) et se traduit par l’impression de ne compter pour personne, de manquer d’amour ou d’attention.
Ce manque génère une réelle souffrance qui peut se manifester, voire se renforcer, tout au long de la vie, tant qu’on n’en aura pas pris conscience et qu’on ne l’aura pas traitée.
Dans les relations amoureuses, ce sentiment se traduit par deux comportements possibles, mais opposés : soit être distant et manipulateur de façon à ériger une barrière entre soi-même et des sentiments susceptibles d’engendrer de la souffrance, soit être un dépendant affectif prêt à tout accepter de l’autre pour éviter l’abandon.
La première étape vers la guérison est du domaine de la psychothérapie. Si vos relations amoureuses ou sociales ne sont qu’une longue suite d’échecs, soit parce que vous avez le sentiment de ne jamais tomber sur une personne digne d’être aimée de vous, soit parce que vous tombez, de façon répétée, sur des personnes qui ne semblent pas comprendre à quel point vous les aimez, malgré tous les sacrifices que vous consentez, peut-être devriez-vous vous rapprocher de l’aide d’un psychothérapeute.
Ce spécialiste pourra vous permettre de comprendre l’origine de votre souffrance, ce qui vous permettra, si c’est encore possible, d’en parler avec le ou les parents à l’origine de votre souffrance.
Attention, le passage chez un psychothérapeute est important pour vous permettre de « déminer le terrain » avant d’engager un dialogue familial au sujet d’une souffrance pareille. Si vous ne le faites pas, une dimension passionnelle incontrôlée risque de s’inviter dans l’échange familial et de générer plus de négatif que de positif.
Cet échange doit vous permettre de comprendre les conditions dans lesquelles votre sentiment de manque d’amour s’est effectivement mis en place. Vous constaterez sans doute que vous n’aviez pas pleinement conscience de ce qu’ont vécu vos parents à l’époque et comprendrez que le manque d’amour ne vient pas forcément du fait que vous n’êtes pas digne d’être aimé. Vous comprendrez que la vie est plus compliquée que vous ne l’imaginiez. Vous en avez sans doute déjà conscience aujourd’hui d’une manière générale, mais l’enfant que vous étiez n’avait pas les moyens de le savoir et il ne se souvient que de l’expérience qu’il a vécue alors.
Une fois que vous aurez réalisé ce qui précède, vous serez prêt pour la suite. Le sentiment d’abandon n’aura vraisemblablement pas disparu, mais le terrain sera propice pour effectuer le travail nécessaire à le faire disparaître.
Et que faire pour le faire disparaître ?
En fait, le fin mot de l’histoire est, vous vous en doutez, la dépendance affective. Une personne souffrant du sentiment d’abandon délègue aux autres la faculté de le rendre heureux. Pour guérir cette souffrance, il faut donc se réapproprier cette faculté.
Mais, une fois qu’on a dit ça, on n’est guère plus avancé…
Pour se réapproprier sa capacité à être heureux, il faut s’aimer soi-même. Ce n’est rien de nouveau. En disant cela, je ne fais que plagier ce qu’a dit, il y a plus de 2000 ans un certain Jésus-Christ (quel coach celui-là !). Quand on lui demande le premier commandement, voilà qu’il nous sort : « tu aimeras Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces … et tu aimeras les autres comme toi-même ». La deuxième partie de la phrase ressemble à s’y méprendre à un mode d’emploi, non ?
Le point de départ est l’amour de soi-même. Si l’on veut bien aimer les autres, il est nécessaire de bien s’aimer soi-même. Et c’est une vraie difficulté ! C’est d’ailleurs la difficulté qu’il vous faut surmonter pour laisser partir aux oubliette cette souffrance que constitue le sentiment d’abandon.
Il faut donc que vous vous aimiez ou, on peut l’exprimer en d’autres termes, il vous faut construire et assumer votre différence.
Je vous propose un processus qui peut vous permettre de relever ce challenge souvent compliqué, particulièrement pour ceux qui sont habitués à se dévaloriser :
C’est un choix, pas forcément facile, mais c’est une décision personnelle.
Si votre vie n’a pas de sens, vous ne disposez d’aucun repère qui vous permette de vous apprécier. S’aimer en dehors de tout contexte, en « hors sol », paraît particulièrement compliqué. Il vous faut donc décider que votre vie a un sens, même si vous ne le connaissez pas encore.
Qu’est-ce que vous trouveriez merveilleux, pour vous, d’accomplir à l’occasion de votre vie (si, si, j’assume le mot « merveilleux »). Il n’est pas nécessaire de se référer pour cela à des grandes théories philosophiques ou religieuses, mais à votre désir profond.
Choisissez bien votre objectif. De sa pertinence dépendra en grande partie le succès de votre démarche. Vous pouvez choisir ce que vous voulez, évidemment, mais si votre « vie rêvée » ne vise qu’à votre satisfaction personnelle, sans passer par quelque chose de plus collectif, vous risquez d’avoir plus de mal à parvenir à vos fins. L’égotisme de votre objectif n’intéressera pas les autres et vous ne bénéficierez donc pas de leur concours pour y parvenir.
si petite soit-elle, qui aille dans le sens de votre « vie rêvée ».
comme un premier pas dans la construction de votre « vie rêvée ». Il n’est pas forcément nécessaire de sortir champagne et cotillons à tout bout de champ, mais de vous accorder une récompense, proportionnée à l’action, qui vous fasse réellement plaisir.
Cela peut vous paraître artificiel de fêter l’achèvement d’une action, mais faites-le quand même. Votre inconscient n’a pas forcément le même niveau de conscience que vous (c’est même le principe… pardon pour cette évidence) et il retiendra que vous avez été content de vous-même au point de fêter votre réussite. Il enregistrera : « j’ai réussi ! » Vous constaterez que cela participe progressivement au renforcement de votre amour envers vous-même.
Dès que vous avez fini une action et sa célébration, recommencez avec une autre action. Faites-en au moins une petite par jour.
Cela ne signifie pas de mettre votre vie d’avant entre parenthèses, mais d’y insérer le plus d’actions possibles correspondant à votre objectif de « vie rêvée ».
Au fait, votre vie actuelle peut être votre « vie rêvée ». Il n’est pas forcément nécessaire de s’imaginer une vie diamétralement différente de celle que vous vivez. Dans ce cas, prenez des éléments de votre vie qui vous semblent perfectibles et générez des actions qui vont dans le sens de la parfaire.
Je ne vous propose pas de vous couper des autres, mais simplement de faire de votre « vie rêvée » votre objectif prioritaire. De vous y consacrer de façon opiniâtre et déterminée, petit à petit, pas après pas.
Vous êtes seul(e) responsable de parvenir à votre objectif. Sachez que les oppositions que vous pourrez rencontrer ne seront pas la cause d’un éventuel échec. C’est votre réaction à ces oppositions qui pourront vous mettre en difficulté. Vous êtes le ou la seul(e) responsable de votre bonheur et de votre malheur. Si vous êtes convaincu de cette réalité, vous ne connaîtrez pas d’échec et comprendrez que l’autre n’est pas la principale source de votre bonheur.
Soyez convaincu que la Vie est plus intelligente que vous et que l’important n’est pas de parvenir rapidement au but précis que vous vous étiez fixé initialement. C’est la démarche que vous effectuez qui va immanquablement vous apporter l’estime de vous que vous recherchez. Le but peut évoluer dans la durée, mais pas la démarche.
Une fois celle-ci réalisée, vous n’aurez plus de sentiment d’abandon, car vous aurez une vie… une vie dont vous aurez la conviction d'être le ou la responsable. L'autre . Vous n’aurez plus besoin de prouver que vous êtes aimable, ou vous n’aurez plus besoin de vous cacher derrière des manipulations pour éviter aux autres de constater que vous ne l’êtes pas : vous serez aimable, tout simplement, par vous-même et par les autres.
Pour finir, vous direz que je prêche pour ma paroisse, mais ce travail peut se révéler difficile à effectuer seul, sans disposer d’un « miroir », d’une personne qui puisse vous aider à trouver la façon de BIEN vous aimer. Si vous ressentez cette difficulté, n’oubliez pas qu’il existe de nombreux coaches de vie qui sont tout disposés à vous accompagner pour atteindre votre but.
Mais ce n’est pas tout. Il existe des personnes qui souffrent du sentiment d’abandon, et qui ont cependant une vie très épanouie, un partenaire aimant et respectueux, une vie sociale harmonieuse et des relations professionnelles tout à fait normales. Et pourtant, elles conservent au creux du ventre une angoisse permanente de se retrouver seules, abandonnées de tous. J’aborderai ce sujet dans un prochain post.