L’une des questions que les clients en Coaching de vie me posent souvent est une variante de : « Pourquoi ai-je toujours l’attitude de m'auto-saboter aux moments cruciaux de ma vie ». Parfois, ils ont une perception particulière de l'auto-sabotage...
Heureusement, les années d'expérience dans le traitement de centaines de clients me permettent de toujours répondre à la question avec la conviction absolue d’avoir raison... Même en ne sachant rien de la situation…
"Vous ne vous auto-sabotez pas, parce que personne ne s'auto-sabote, c'est un mythe de développement personnel."
Ma réponse est presque toujours suivie par une certaine forme de protestation et par la mise en évidence d'une action ou de comportements qui prouvent, de façon concluante, que le client s'est définitivement auto-saboté.
Pourtant, j'insiste toujours sur le fait que, malgré les apparences, ils n’ont pratiqué aucun auto-sabotage. Et rien de ce qu'ils peuvent dire ou faire ne me fera changer d'avis.
La réalité est que les actions qui me sont offertes comme preuve pour étayer leur croyance sont toutes considérées a posteriori.
En d'autres termes, ils regardent un événement passé et voient clairement que cela ne les a pas aidés à obtenir le résultat qu'ils recherchaient. Par conséquent, ils en concluent que c’est de l’auto-sabotage.
En réponse à ma réaction de départ, personne ne m’a jamais dit : « vous ne me croyez pas, hein ? Eh bien, constatez que ce que je vais faire est un vrai auto-sabotage », puis s’est jeté par la fenêtre, sans même l’ouvrir, me laissant impuissant, contempler son geste.
Mais même si cela arrivait, je refuserais de croire que c'est de l’auto-sabotage.
Si la personne en question se traînait vers son ordinateur, avec du sang s'écoulant de multiples plaies et avec deux membres amputés, mais en me regardant d'un air suffisant pour me prouver que j’ai tort, je lui dirais simplement :
"Il y avait une intention positive dans ce que vous venez de faire, ce n'était pas un auto-sabotage".
Et la clé de tout cela est l'intention positive, parce que :
Prenez mon ami qui saute par la fenêtre par exemple. L'intention positive derrière ce comportement était de me prouver que j’avais tort.
Maintenant, je sais que, dans le grand schéma de la création, c'est une raison un peu douteuse, mais c'est quand même une raison.
Quand les gens décrivent des exemples d'auto-sabotage, je leur demande toujours de me dire ce qu'ils pensent être l'intention positive à l'origine de cette action ou de ce comportement particulier. Bien souvent, ils nieront qu'il y en ait une, mais je ne les laisse pas en rester là, parce qu'il y en a toujours.
Et la raison pour laquelle je ne vais pas les laisser en rester là, c'est parce que si vous ne reconnaissez pas votre intention positive, vous dites effectivement à votre inconscient que c'est un imbécile.
Et ce n'est pas le cas, c'est quelqu’un de super cool et de très intelligent qui essaie de vous aider du mieux qu’il peut.
En niant l'intention positive, il sera extrêmement difficile de changer de comportement à l'avenir, de la même façon qu'il est presque impossible pour un alcoolique d’arrêter de boire, s’il ne reconnaît pas son addiction.
Une fois que vous aurez cherché, trouvé et reconnu l'intention positive qui sous-tendait votre action, vous pourrez chercher des moyens alternatifs pour atteindre le même objectif de manière plus constructive.
Cela ne veut pas nécessairement dire que le problème disparaîtra comme par magie, mais cela signifie que vous pourrez faire disparaître une grande partie de la résistance interne qui peut, et va, vous faire trébucher, si vous n’en avez pas conscience.
Sachant que vous ne menez pas à terme vos projets parce que vous avez peur de la critique, vous pouvez chercher des moyens de faire face à la critique, plutôt que de vous auto-flageller pour ne pas avoir terminé vos projets.
Parfois, cela vaut la peine de prendre la situation avec recul et de se demander si ce que vous considérez comme un auto-sabotage ne serait pas, en réalité, une tentative de votre inconscient pour vous amener à opérer des changements bénéfiques dans votre vie.
Il n’est pas nécessaire d’envoyer tout balader sous prétexte que votre inconscient n’est pas d’accord avec ce que vous faites, mais un travail de réflexion sur où vous en êtes dans votre vie par rapport à vos aspirations profondes serait vraisemblablement utile.
J’ai eu le cas d’une personne, la cinquantaine bien avancée, qui enchaînait les postes sans jamais parvenir à s’insérer dans la structure qui l’embauchait. Dynamique, elle n’avait pas trop de difficultés, malgré la crise, à trouver du travail, mais ne parvenait pas à le conserver. A tel point qu’elle n’avait plus qu’un souhait : arrêter tout ça et ne plus travailler. Enchaînant ce qu’elle considérait comme des échecs, elle avait totalement perdu confiance en elle-même au sujet de ses capacités à s’épanouir dans une activité professionnelle.
Il n’est pas nécessaire d’en arriver là, car, à ce point, c’est la dépression nerveuse qui vous guette.
Il a fallu faire un travail sur le sens qu’elle voulait donner à sa vie à une époque où elle voulait encore travailler, pour renouer le fil d’une histoire possiblement positive dans le futur.
Ce travail a permis de lui faire prendre conscience qu’elle ne trouvait plus aucun sens au travail administratif qu’elle faisait jusqu’alors, qu’elle avait toujours eu la passion des animaux et qu’elle se sentait vivre pleinement à leur contact. Elle a donc entamé une formation d’éducateur canin qui semble l’épanouir pleinement. Il n’est jamais trop tard pour avoir une belle vie…
Alors qu’en pensez-vous ? Pensez-vous toujours que vous vous auto-sabotez ? Si oui, faites un commentaire à ce post en me donnant un exemple et je vous trouverai une intention positive sur laquelle vous pourrez travailler. Et en plus, c’est gratuit !
Bonjour, Philippe.
Je viens de lire votre article, et je suis quelque peu surpris par la possibilité de l'existence d'une intention positive à l'origine de l'auto-sabotage.
Qu'il peut y avoir de positif à procrastiner dans la rédaction d'un rapport de stage ? Qu'y a-t-il de positif dans le fait de toujours remettre le début du travail nécessaire à plus tard alors même que l'on sait que c'est un travail qui nécessite beaucoup de temps et de réflexions à tête reposée ?
Bonjour Nick,
Je suis d’accord avec vous que, à un certain niveau, ce n’est pas évident de voir une intention positive à la procrastination.
J’ai traité de ce sujet notamment dans les deux posts suivants : « Procrastination : qu'est-ce que cela vous coûte et comment y remédier ? » et « Procrastination sélective et messages de l’inconscient : faites le ménage ! »
Mais, sur ce sujet précis de la procrastination, il y a plusieurs interprétations possibles :
. la personne ne fait rien par paresse, et là c’est un autre sujet. La procrastination vient plus d’un défaut de caractère que de l’auto-sabotage dont il est question dans cet article ;
. la personne procrastine par manque de confiance en elle. Ne rien faire est parfois une défense par peur d’être mal jugé par rapport à quelque chose qu’elle aurait fait et pour laquelle elle aurait donné le meilleur d’elle-même. Ne rien faire permet d’éviter les critiques sur ses actions, même si l’on est critiqué sur son absence d’action…
. la personne procrastine car son inconscient (ou son conscient) lui fait ressentir qu’elle n’est pas à sa place là où elle est et qu’elle devrait être ailleurs ou avoir une vie différente. Dans ce cas, s’il n’y a pas forcément d’intention positive consciente à la procrastination, cette dernière indique quand même que la personne souhaite une autre voie pour sa vie et qu’il lui faut travailler le sujet. Et ça c’est positif.
Il existe une multitude d’autres façons de s’auto-saboter que la seule procrastination : des réactions de fuite, des réactions de violence ou d’agressivité dans des circonstances spécifiques, ou même, comme le suggère la photo de ce post, aller jusqu’à se détruire physiquement par volonté de paraître qui l’on n’est pas.
Dans ces auto-sabotages je maintiens qu’il y a une volonté de départ positive : protection de soi, affirmation de ce que l’on considère comme fondamental pour soi, paraître beau ou belle, etc.
Je ne fais à aucun moment la promotion de l’auto-sabotage, bien entendu, et j’imagine que vous l’aviez bien compris. Je mets simplement en exergue le fait qu’à partir du moment où l’on a compris que l’on s’auto-sabote et que l’on a trouvé les raisons « positives » pour lesquelles on le fait, il est non seulement possible, mais relativement facile de trouver d’autres moyens de réagir aux situations dans lesquelles l’auto-sabotage s’exprime.
Voilà, j’espère que j’aurai répondu à votre commentaire de façon constructive.
En tout cas, mille mercis de vous être donné la peine de lire cet article.
Bien à vous.