(cet article est écrit en liaison avec la participation au « carnaval d’articles » organisé par le site www.penser-et-agir.fr)
L’accomplissement de soi c’est quoi et pourquoi ?
L’accomplissement de soi est un concept difficile à définir, chacun pouvant y inclure ses objectifs personnels, ses ambitions propres ou ses idéaux spécifiques.
Pour pouvoir déterminer quels sont les principaux freins à l’accomplissement de soi, il ne faut donc pas s’attacher aux particularismes de chacun – même si c’est pourtant le cœur de la démarche du coaching – mais tenter de raisonner de façon plus globale.
Dans ce contexte, ma définition de l’accomplissement de soi, toute personnelle, considère que s’accomplir consiste à tirer parti de l’ensemble de ses ressources propres. Ce n’est pas une question de but à atteindre, mais de ressources mobilisées.
Comme il n’existe pas de statistiques ou de sondage permettant de recenser les principaux freins à l’accomplissement de soi rencontrés par ceux et celles qui ont travaillé le sujet, il semble que seule l’expérience puisse apporter un éclairage valide sur cette question.
Après une trentaine d’année de coaching en développement personnel, sans avoir une expérience exhaustive des obstacles rencontrés par tous ceux qui cherchent à s’accomplir, il me semble qu’il existe deux grandes familles de freins :
. des freins tenant à la personnalité propre de la personne,
. des freins venant d’un défaut de référentiel personnel.
S’accomplir n’est pas se trouver dans un état de « béat-attitude », c’est trouver le meilleur emploi possible, dans sa vie, des ressources dont on dispose.
Il existe donc un premier impératif sur le chemin de l’épanouissement de soi, c’est d’admettre qu’il y a un travail à fournir pour y parvenir.
Le premier et plus important frein est donc, selon moi, le niveau de conscience. Il est nécessaire d’avoir la conscience d’une évolution nécessaire : s’accomplir est une recherche permanente, je ne vous apprends rien. Celui qui pense être arrivé à son plein accomplissement est confronté au premier frein à l’accomplissement de soi : ne pas avoir conscience qu’il reste du chemin à faire.
En disant cela je ne fais pas l’apologie de l’insatisfaction, mais celle de l’impermanence, de l’ambition d’évoluer constamment vers une meilleure version de soi-même. J’évoque l’inconscience de la marge de progression que nous avons tous, toujours (pas l’inconscience, mais la marge de progression…).
S’accomplir est subordonné à la progression du niveau de conscience personnel. Il faut se connaître toujours mieux (Cf. « Mieux se connaître : une nécessité pour réussir dans sa vie ») pour savoir vers où ou vers quoi orienter son action d’évolution vers l’accomplissement.
Le second frein tenant à la personnalité est celui de l’envie : comme disait Johnny (Hallyday) : « qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie ! ».
Vouloir s’accomplir est un projet, un travail. On ne tombe pas dans l’accomplissement par hasard. Plusieurs chemins peuvent y mener, mais je n’en connais pas d’immédiat. Le chemin peut être joyeux, intéressant, surprenant ou passionnant, mais il est rarement facile.
Si je pense être « heureux », quel besoin aurais-je d’aller voir plus loin ? Faire des efforts pour être plus heureux ? Non merci, je n’en vois pas l’utilité. Je n’ai pas envie de progresser puisque je suis déjà bien comme je suis.
Dans notre société occidentale où se propage le culte de la facilité, on voit bien que l’épanouissement personnel n’est pas à la fête…
L’un des freins est donc l’envie de progresser et son remède est l’exigence personnelle. Dans la mesure où il n’y a pas de limite à l’accomplissement de soi (l’évolution ne s’arrête jamais), sans envie de progresser il n’y a pas de plein accomplissement possible.
Souvent, l’expérience m’a montré que le moteur de l’envie est d’abord la prise de conscience de l’existence de problèmes, et ensuite celle du fait qu’il existe toujours un moyen de les résoudre. En cela, l’épreuve est source d’accomplissement.
Comme évoqué plus haut s’accomplir c’est trouver le meilleur emploi possible des ressources dont on dispose.
Pour trouver le meilleur emploi de ressources, quel qu’elles soient, encore faut-il les connaître, puis les reconnaître en tant que ressources, et enfin savoir les exploiter d’une manière qui nous convienne.
Énoncé ainsi, cela peut sembler simple, mais quel référentiel avez-vous pour connaître vos ressources et, de là, vous épanouir ? Quels points de repère avez-vous pour diriger votre évolution vers l’accomplissement ?
Êtes-vous du genre à ne vouloir croire que ce que vous voyez ? Votre référentiel principal sera alors la démarche et les valeurs scientifiques. Vous serez donc dans un référentiel du concret, de la dimension matérielle. C’est ce que j’appelle (parfois à tort) « l’approche de l’ingénieur » qui considère que tout phénomène ne peut être expliqué que par une approche de logique concrète.
Tout notre système éducatif occidental est élaboré pour nous permettre d’évoluer à travers ce référentiel. Il a produit un nombre immense de belles choses par le progrès scientifique, et de moins belles…
Vos ressources dans ce référentiel pourront être l’intelligence, l’exigence, l’observation, le savoir, la culture, etc.
Êtes-vous du genre à considérer que le principal dans la vie est le lien qui nous relie aux autres, avec un référentiel de valeurs morales qui vous guide ?
En la matière, historiquement, les écoles les plus habituelles dédiées à ce référentiel sont les religions.
Force est de constater que l’époque n’est pas vraiment propice à l’apprentissage et surtout à l’interprétation personnelle de ce référentiel là…
On se retrouve trop souvent, en la matière, avec des organisations qui, bien qu’animées des meilleures intentions, veulent plus encadrer l’application de règles issue de leur tradition, qu’accompagner l’accomplissement de chacun dans le respect de leurs grands principes.
Vos ressources dans ce référentiel pourront être le respect, l’amour, la bienveillance, etc.
Êtes-vous du genre à penser que le seul référentiel valable est vous-même, vos envies, votre plaisir ?
Dans ce cas, votre référentiel principal est le système consumériste et ce qu’il apporte… mais vous êtes mal barré pour l’accomplissement : AVOIR n’est pas ÊTRE…
Concernant le premier référentiel cité, je reprendrai la citation de Rabelais : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Le scientifique qui travaille sur les atomes peut engendrer une source d’énergie bon marché (mais polluante, je sais…) qui ouvre de nouvelles voies dans de nombreux domaines, ou… une arme de destruction massive.
Concernant le second référentiel, je citerai le dicton « l’enfer est pavé de bonnes intentions » et, si l’on ne fait pas entrer dans le concret, dans les actes, les valeurs que l’on a en soi, il ne sert à rien d’en avoir. Le terroriste qui appuie sur le bouton de sa ceinture d’explosif au milieu d’un marché bondé a-t-il correctement interprété son référentiel personnel ? On peut croire qu’il a confondu s’accomplir et s’éparpiller (« façon puzzle »).
L’accès à son propre référentiel personnel peut se faire d’une infinité de façon : le jeu d’échec, la philatélie, le tricot, le business ou le rugby par exemple. Des passionnés de bridge ou de billard pourront soutenir que leur art est, en fait, une leçon de vie d’une grande profondeur. Et, pour eux, c’est vrai.
En fait, l’être humain étant constitué de trois dimensions (physique, psycho-émotionnelle et spirituelle), chaque dimension fonctionne à sa manière et dispose donc d’un référentiel qu’il faut faire fonctionner en cohérence et de façon équilibrée avec les deux autres.
Si vous « oubliez » de travailler l’une des dimensions et son référentiel, vous ne pouvez vous accomplir pleinement, car vous aurez « oublié » de tirer parti d’une large proportion de vos ressources personnelles.
Nous avons donc plusieurs référentiels, mais on en a toujours un principal en fonction de sa personnalité.
Il semblerait donc nécessaire, pour s’accomplir, de trouver son référentiel principal, de le travailler et de le « panacher » en cohérence avec d’autres, car vos capacités sont multiples, multiformes et multi-référentiels.
S’accomplir, c’est tirer parti de toutes ses ressources dans tous les domaines.
Si vous ressentez des difficultés pour vous accomplir dans votre vie, si l’accomplissement de soi reste pour vous une gageure dans le contexte de difficultés que vous rencontrez (maladie grave, burnout, situation affective compliquée, etc.) n’oubliez pas qu’il existe des professionnels qui savent vous accompagner. Un coach de vie ne fera pas le travail à votre place, mais ils vous le facilitera grandement.