Vous voyez quelqu'un en difficulté. Avez-vous du mal à ne pas aider ?
Imaginez un enfant de cinq ans qui a du mal à nouer ses lacets.
Que vous dicte votre instinct ? Vous voulez l’aider, non ?
La meilleure façon de l'aider est, toutefois, de ne pas l’aider.
Lorsque vous allez intervenir pour aider l’enfant à attacher ses lacets, celui-ci peut réagir avec colère et dire quelque chose du genre : « Je vais le faire moi-même ! »
De plus, permettre à l’enfant de faire un effort et d'échouer produit une frustration positive. Finalement, s’il n’y parvient pas, il ira voir un proche pour lui demander de l’aide. À ce moment-là, maman est un génie et l’enfant apprend le respect. S’il est têtu et ne demande pas d’aide ou si sa frustration va trop loin, les parents peuvent lui proposer : « Veux-tu de l’aide ? »
Si j’aborde ce sujet, c’est que je reçois un certain nombre de personnes en coaching de vie, qui éprouvent de grandes difficultés avec des proches – conjoints, parents, enfants, amis, etc. – sur le thème : « je fais tout pour l’aider, mais il n’en conçoit aucune gratitude, au contraire, il se montre tyrannique, manipulateur et me fait une vie d’enfer ! »
Je n’aborderai pas ici le problème de la dépendance affective, qui peut aller de pair avec ce type de situation, mais qui constitue un sujet différent.
D’une manière générale, vouloir éviter à quelqu’un de vivre une épreuve qui lui est destinée n’est pas une bonne stratégie : ni pour la personne en question, ni pour soi.
Du côté du proche à qui l’on évite l’épreuve, c’est le priver d’une occasion d’apprentissage, d’une expérience qui peut se révéler primordiale pour la suite de son existence. Ainsi, le jour où il rencontrera une situation qu’il aurait pu vivre tranquillement, en mettant en pratique l’apprentissage effectué lors de la première épreuve, il ne disposera pas des repères nécessaires et se trouvera donc démuni face à l’adversité.
Même si notre schéma mental instinctif veut que l’on évite au maximum à un proche de vivre une épreuve, c’est souvent aller à l’encontre de son intérêt que de le faire. A mon sens, cela est valable aussi, voire surtout, vis-à-vis des enfants.
Du côté de celui qui veut éviter à l’autre de vivre l’épreuve, cela ne génère rien de positif non plus. Ignorant ce qu’est la réalité de l’épreuve qui lui a été évité, l’autre n’a pas de raison de concevoir une reconnaissance ou un respect particulier pour le premier.
Celui-ci en concevra de la frustration, du ressentiment face à l’absence de reconnaissance, voire des exigences toujours plus grandes de celui qui ne sait pas ce qu’est l’épreuve.
Ce dernier, lorsqu’il rencontrera un vrai problème, finira par en vouloir au monde entier de ne pas lui avoir évité ce passage difficile. Il peut alors être tenté de devenir tyrannique et manipulateur pour pousser son vis-à-vis à prendre en charge ce qu’il ne veut pas assumer.
Est-ce que cela signifie qu’il faille que chacun reste dans son coin et ne s’occupe pas des autres ?
Bien évidemment non.
Le véritable sujet est que vous n’aiderez personne qui ne vous ait, préalablement, demandé votre aide.
Cela peut vous sembler être parfois une perte de temps, ou un manque d’empathie, que d’attendre cette demande, alors que vous savez pertinemment qu’il va avoir besoin d’aide, mais c’est le passage obligé pour que votre aide prenne du sens.
Souvenez-vous qu’il n’y a pas de progression sans effort, sans avoir à surmonter une épreuve. Si vous voulez que l’autre progresse, il faut l’inciter à surmonter lui-même ses épreuves et ne lui apporter de l’aide que s’il la demande.
De plus, une fois qu’il a demandé votre aide et que vous lui avez fourni, il est bon de valoriser, à ses yeux, votre apport. Non pas par égotisme ou par volonté de gloriole, mais pour que l’autre ait conscience de la portée de ce que vous avez fait pour lui.
S’il n’a pas cette conscience, il n’aura rien appris ni sur l’expérience en direct, ni sur votre implication dans le problème, ni sur le lien qui vous uni à lui et que vous aurez prouvé en lui apportant de l’aide. Il risque de ne voir que le fait qu’il n’y ait pas, ou plus, de problème…
En résumé, si vous êtes face à quelqu’un qui vous semble avoir besoin d’aide : 4 étapes à respecter
1 . Informer que vous pouvez aider
2 . Attendre la demande d’aide
3 . Apporter l’aide suite à l’éventuelle demande
4 . Expliquer et valoriser l’intervention
Les dirigeants, les parents ou les responsables gagnent le respect des autres en ne leur apportant aucune aide spontanée.
Le vrai problème est que les dirigeants portent souvent le fardeau de la connaissance et se sentent obligés de résoudre les problèmes. Ils peuvent, toutefois, aider les autres à atteindre un niveau plus élevé en ne les aidant pas spontanément.
Tous ceux qui apportent de l'aide à leurs proches "handicapés de la vie" devraient prendre le temps de lire cet article afin de ne plus se faire canibaliser de "ces proches" à qui, bien souvent, tout semble dû.