En tant que paresseux contrarié, l'un des problèmes de ma vie concerne l'idée de ne pas me rendre les choses inutilement difficiles.
Essayer de vivre une vie de conscience est déjà assez compliqué. Je ne devrais pas rendre cela plus laborieux que ça ne l'est déjà.
Étudier le principe de l'épuisement de l'ego, ou de la volonté, a été une façon de m’aider en termes de développement personnel.
L'épuisement de l'ego est essentiellement l'idée que notre volonté est une ressource limitée qui peut s’épuiser par des activités qui nécessitent un contrôle de soi.
Une fois que vous avez épuisé ce réservoir de volonté, vous ne pourrez plus l'utiliser pour d'autres activités nécessitant un contrôle de soi.
C'est l'une des raisons pour lesquelles après une longue journée, vous pouvez ressentir un manque de motivation pour aller à la gym ou pourquoi, après avoir parfaitement suivi votre régime pendant quelques jours, vous finissez par manger une grande pizza d’un seul coup.
Roy Baumeister et ses collègues ont fait beaucoup de recherches pour explorer l'idée d'un puits fini de volonté que nous semblerions tous avoir.
Par exemple, ils ont fait une étude où deux groupes de personnes ont assisté à la représentation d’un comédien et un groupe a été chargé de ne pas rire et l'autre était libre de rire autant qu'il le voulait.
Après avoir regardé le comédien, les deux groupes ont accompli une tâche qui exigeait un contrôle de soi. Le groupe qui n'a pas été autorisé à rire a rempli moins bien la tâche que le groupe qui a été autorisé à rire.
Évidemment, se forcer à ne pas rire en regardant les pitreries du comédien a consommé une grande partie de leur maîtrise de soi, en laissant moins pour la tâche suivante.
Dans une autre étude, deux groupes de participants ont été conduits dans une pièce où se trouvaient une assiette pleine de biscuits fraîchement cuits et une assiette de radis. L’un des groupes a été chargé de manger seulement les radis. L’autre a été autorisé à manger les biscuits.
Tout comme l'étude décrite ci-dessus, les deux groupes ont ensuite reçu l'ordre d'accomplir une autre tâche. Cette fois-ci, les chercheurs mesuraient combien de temps les deux groupes resteraient à essayer de résoudre un casse-tête insoluble.
Le groupe qui a été autorisé à manger des biscuits a duré environ 20 minutes, en moyenne. Le groupe qui n'a pas été autorisé à manger les gâteaux et ne pouvait que manger des radis n’a tenu qu’environ 9 minutes.
Quand j'ai appris ce concept, j'ai vu là une opportunité de ne pas faire appel inutilement à la volonté tout au long de ma journée.
J'ai réalisé qu'il y avait un certain nombre de choses que je faisais qui m'obligeaient à utiliser la volonté quand ce n'était vraiment pas nécessaire. Je préférerais de beaucoup économiser ma volonté pour les activités et les tâches qui en ont vraiment besoin.
Jetons un coup d'œil à quelques petites modifications que l’on peut apporter à sa journée pour résoudre le problème.
Sachant que la distraction est à portée de clic lorsque l’on travaille sur son ordinateur, celle-ci peut constituer une énorme perte de volonté.
Résister constamment à cette envie de voir si quelqu'un répond à son dernier message est profondément épuisant.
Pour contrer ce siphonnage de la volonté, on peut faire en sorte que l’accès à tous les sites sélectionnés soit bloqué.
Dès lors, on n’a plus besoin d'utiliser sa volonté pour ne pas vérifier ces sites car c'est devenu provisoirement impossible.
Parfois, vous avez de la malbouffe chez vous. Se convaincre que vous ne devriez pas la manger est une fuite d’énergie de votre volonté.
La solution simple (et tout à fait évidente) est de ne pas apporter chez vous de nourriture qui nécessite de la volonté pour ne pas la manger.
Si les seules options sont relativement saines, je n'ai pas besoin de gaspiller de la volonté pour résister à l'envie de manger de mauvais aliments.
Tout ce que je note dans le point n°1 ci-dessus peut également s’appliquer à mon téléphone.
Quand je veux réellement éliminer les parasites, sujets de gaspillage de ma volonté, j’éteins complètement mon téléphone et le mets quelque part où je ne peux pas le voir. Cela semble aider à combattre l'envie de l'utiliser comme une distraction.
Si je résiste constamment à l'envie de lancer un jeu vidéo ou de vérifier une autre application tentante, je gaspillerai sûrement une dose de volonté.
Pour lutter contre cela, je travaille autant que possible en mode plein écran. Quand je ne peux pas voir les autres applications en arrière-plan, il semble qu'il faille moins de volonté pour ne pas y céder.
Bien qu'il soit assez bien établi dans la littérature sur la psychologie que la volonté soit une ressource limitée, il y a certaines nuances qui nous aident à mieux la comprendre.
Certaines études semblent indiquer à quel point l'épuisement de l'ego que nous éprouvons en faisant une activité qui nécessite un contrôle de soi dépend de notre âge.
Les parties de notre cerveau qui semblent réguler la maîtrise de soi ne sont pas complètement développées avant environ 25 ans. Des études similaires réalisées avec des personnes âgées ont montré moins d’épuisement de l'ego.
De plus, Carol Dweck a fait un travail qui semble démontrer que nos croyances personnelles sur la volonté ont aussi un effet sur la durée et la qualité avec lesquelles nous allons être en mesure de travailler sur une tâche difficile.
Une autre étude utile semble montrer que l'affect positif (fondamentalement, les émotions positives) aide à restaurer la volonté après une activité ayant entraîné l'épuisement de l'ego.
Un test fait sur des sujets à qui l'on a montré une vidéo amusante après avoir terminé une activité qui a imposé une forte maîtrise de soi, mais avant de leur demander une deuxième tâche similaire a montré que ceux-ci faisaient mieux la seconde tâche que ceux qui n'avaient pas vu une telle vidéo entre les deux tâches.
Au quotidien, prendre une pause pour faire quelque chose qui vous fait vous sentir bien peut-être un excellent moyen pour être en mesure d’enchaîner, tout au long de votre journée, des tâches qui nécessitent une utilisation importante de votre volonté.
La science est encore embryonnaire à ce sujet, mais il me semble tout à fait pertinent de vous suggérer de prendre du recul sur votre vie quotidienne et de voir s'il y a des activités ou des situations où vous utilisez la maîtrise de soi quand vous n'y êtes pas obligé.
Préservons nos capacités de maîtrise de soi pour les choses qui le nécessitent vraiment et ne les gâchons pas en l’utilisant pour des activités qui peuvent être mieux régulées par un simple logiciel ou un petit changement dans notre comportement.
Il est vrai que visiter sa messagerie avant de s'atteler à la tâche favorise la déconcentration plus particulièrement quand les courriels comportent un lien pour visiter un site tout à fait intéressant ! Effectivement c'est un vrai siphonnage de volonté.
votre conseil est à mettre en application...