Face à la mode de plus en plus répandue de devenir végétarien un léger agacement s'empare de moi.
Me permettrez-vous donc de pousser un petit mouvement d'humeur à l’encontre de cette mode qui se développe et devient une forme de diktat qui m’agace ? Surfant sur la prise de conscience, Ô combien nécessaire, de l’écologie, les adeptes des végétarisme et véganomanies diverses envahissent nos médias en se faisant les chantres d’une conscience de l’universel poussée à son apogée.
Or, si le respect des animaux, quels qu’ils soient, et la pleine conscience des atteintes illégitimes qui peuvent leur être fait me semblent clairement dénonçables pour améliorer notre façon de les considérer, la tendance qui en fait une fin en soi me semble également dénonçable car ignorant désespérément les finalités de la vie elle-même.
La conscience animale justifie le respect absolu de cette forme de vie.
Je lisais récemment l’ouvrage de l’éthologue Boris Cyrulnik : « Les âmes blessées », qui est passionnant à bien des égards, mais dont la démarche consiste souvent à essayer de décrypter le comportement animal à travers les attributs humains : langage parlé ou corporel, conscience de soi, etc.
Il en tire des raisonnements passionnants à un certain niveau, mais me semble passer à côté d’un point essentiel (qui suis-je pour oser affirmer ce genre de choses ?). Selon mon expérience, et pour faire très court, les animaux ont une communication qui se passe en grande partie de langage parlé, car la plupart d’entre eux savent percevoir et communiquer au niveau énergétique et cela leur suffit amplement. C’est une forme de communication que nous, êtres humains, avons oublié, mais que l’on peut retrouver avec une facilité relative si l’on en comprend les mécanismes.
Tout ça pour dire que les animaux sont, selon mon expérience, dotés d’une forme de conscience d’eux-mêmes et de leur environnement. Si cette dernière adopte des lois différentes de celles que nous employons usuellement en tant qu’êtres humains, elle n’en demeure pas moins réelle, respectable et nécessite donc de notre part un profond respect et une considération qui nous fait souvent défaut.
Les documents vidéos tournés récemment dans certains abattoirs glacent le sang à la plupart d’entre nous, à juste titre, tant ils expriment le manque absolu de conscience, d’empathie et de respect dont certains d’entre nous font preuve à l’égard des animaux. C’est d’ailleurs à l’appui de ce genre de documents que certains apôtres du végétarisme argumentent leur discours pour justifier leur souhait de généralisation de leur démarche personnelle.
Sans atteindre leurs conclusions, je dois avouer que je suis totalement et absolument en accord avec tout appel au profond respect de la vie animale. Est-ce à dire que la consommation de viande, ou de poisson, ou de toute forme de protéine animale est déontologiquement ou spirituellement à proscrire ? Je suis convaincu du contraire.
La conscience animale peut justifier qu’elle participe à la finalité de la vie incarnée.
Si la vie n’avait aucun sens, je serais complètement d’accord avec toutes ces personnes qui refusent la consommation de protéines animales. La vie des êtres humains obéirait aux mêmes lois que la vie des animaux : survivre à titre individuel pour mourir le plus tard possible en assurant une descendance pour la survie de l’espèce.
Mais même dans ce cas, ce principe ne serait pas applicable de façon universelle dans la mesure où dans certaines régions du globe, il est tout simplement impossible de survivre sans consommer de protéines animales. Devons-nous condamner tous les habitants des régions de l’extrême nord à disparaître au nom d’une façon de voir qui les exclue ?
Dans un autre domaine, et c’est l’origine de mon agacement, je regardais dernièrement un reportage sur des extrémistes indouistes qui affirmaient que l’indouisme prohibant toute forme de sacrifice animal, il fallait, en vertu de ce principe, tuer tous ceux qui sacrifiaient des animaux (notamment les vaches). Le pire, c’est qu’ils l’ont fait réellement à de nombreuses reprises…
Dans le même ordre d’idées (même si ce n’est comparable que dans le mécanisme et non dans l’application réelle), beaucoup d’entre nous ont vu ce journaliste, autrefois chroniqueur d’une émission de prime time à succès, devenu une forme de porte-parole du véganisme au nom du fait qu’il ne faut surtout pas faire souffrir les animaux. Cette personne passait néanmoins son temps d’antenne à débiner méchamment les invités au nom d’une pensée unique théorique et débilitante. C’est vraiment deux poids, deux mesures. Mais, certes, il faut bien gagner sa croûte…
Dans mon système de valeurs, le respect est présent, mais, si le respect des animaux est indispensable, respecter les êtres humains est prioritaire. A quoi bon respecter les animaux si l’on ne respecte pas les humains ?
D’ailleurs, je me souviens, dans un passé où j’étais directement dans les affaires, d’avoir dû visiter un grand abattoir de la région lyonnaise. Je n’étais pas vraiment motivé par le fait d’aller assister à la mise à mort de tous ces animaux et m’y rendit avec une appréhension certaine. Dans ce contexte, je débarquais au petit matin dans les lieux et fus réellement surpris de constater l’ambiance de respect et de professionnalisme qui régnait dans la place. Très sincèrement, si certains acteurs de la filière adoptent des comportements proprement scandaleux, ce n’est clairement pas le cas de tous.
Un autre argument en faveur du végétarisme est que ce régime procurerait une meilleure santé que les régimes incluant la consommation de viandes ou poissons. Hormis le fait que cette affirmation est contredite par de nombreux nutritionnistes (qui a tort, qui a raison ?), la bonne santé est-elle une fin en soi ? Vivre vieux est-il un objectif valide, en lui-même, pour un être humain ?
Et si, à un niveau individuel, mais aussi collectif, la vie sur terre avait un sens crucial et fondamental qui n’était atteignable qu’en combinant les énergies de tout être vivant. Rêvons un peu et imaginons que les êtres vivants ne forment qu’un seul et même ensemble, indissociables les uns des autres, ayant une même tâche à remplir, chacun à sa place, chacun en fonction de ses caractéristiques ou de ses capacités.
Transposé au corps humain, cela pourrait s’illustrer très schématiquement de la façon suivante : dois-je rester immobile dans mon canapé pour ne pas faire souffrir mes pieds et mes jambes en me déplaçant ? Certes, je dois prendre soin de mes pieds et les respecter, mais à quoi serviraient-ils si je leur dénie leur rôle premier de moyen de transport ? Si cela me permet de faire ce que je dois faire, n’est-ce pas justifié de les faire souffrir ? … avec respect
D’une manière intellectuelle et spirituelle, il me semble plus cohérent de considérer que nous demandons à tout ce qui est vivant, et que nous absorbons, d’être un sacrifice qui nous permet d’accomplir, en bout de chaîne, ce pourquoi l’ensemble du vivant est conçu. Et si l’humain n’était que la pointe de la flèche constituée de toutes ce qui vit à la surface de la terre ? Cela nous pousserait sans doute à respecter davantage ce qui nous entoure, mais ne nous empêcherait pas forcément de l’utiliser à bon escient.
Bien sûr, il faut respecter toutes les formes du vivant, que ce soit les animaux, les carottes, les choux ou les pommes de terre (et même les pierres…), mais il faudrait prendre davantage en compte la dimension sacrificielle qu’implique leur consommation. Il y aurait, à mon sens, plus de respect pour leur existence en les consommant en conscience de ce qu’ils nous permettent de faire, plutôt qu’en les laissant à l’écart de nos vies.
Voilà le fond de mon présent agacement (même s’il est stupide et que c’est une tarte à la crème), c’est que, dans notre société actuelle, foisonnent les innombrables préceptes nous indiquant comment vivre plus vieux, plus en sécurité, plus sainement, etc. En revanche, rien sur le sens de la vie. La société érige le « comment » en maître et néglige obstinément le « pourquoi ».
On comprend bien qu’en privilégiant le « comment » on est plus cohérent dans le cadre d’un système basé sur la consommation, mais lequel d’entre nous pourrait affirmer que le sens de sa vie est de consommer ?
Pour certains, le fait de ne manger que des aliments « politiquement corrects » leur semble donner un sens à leur existence. Ils pensent sans doute, de bonne foi, participer d’un tout respectueux de la vie, de l’écologie, genre une harmonie universelle, mais pourquoi, ça ils l’ignorent.
Le problème c’est que le nombre des personnes malheureuses et/ou malades qui ne trouvent plus de sens à leur vie se multiplie dramatiquement, au rythme de la déliquescence de la dimension spirituelle générale. Je ne suis pas sûr que le végétarisme soit une solution au problème...
Et pourtant, ce n’est pas forcément si compliqué que ça de trouver le sens profond de sa vie personnelle. Encore faut-il le chercher et, éventuellement, être aidé dans cette démarche. C’est l’une des tâches que j’essaie de remplir en tant que coach de vie et ma vraie récompense est le bonheur des personnes que j’accompagne.