Il était une fois, quand les dragons cracheurs de feu sillonnaient la terre, vivait un homme très sage dans un pays très lointain (probablement la Chine, mais pas tout à fait sûr, c’était peut-être l’Inde ou même la Finlande).
Il était vénéré par tous les villages alentour en tant que type incontournable pour toute question relative à la sagesse.
Puis un jour, s’est passé quelque chose d’horrible, de terrible.
Notre Sage était assis dans sa hutte de boue (peut-être un igloo si c'était la Finlande, qui sait ?), Se caressant le menton et buvant du thé vert biologique décaféiné des montagnes avec un soupçon de sel de mer, lorsque la porte s'ouvrit violemment.
Se pointe Ordralfabétix, le poissonnier du village, brandissant son meilleur couteau à fileter le poisson et visiblement pas heureux du tout.
« Vous avez couché avec ma fille » crie Ordralfabétix en colère.
« C’est vrai ? » répondit le Maître
« Oui, connard ! Et en plus, elle est enceinte ! »
« C’est vrai ? » dit à nouveau le Maître
« Oui, et l’enfant sera à votre charge à sa naissance »
« C’est vrai ? »
« Pouvez-vous arrêter de répéter tout le temps la même chose, c’est stupide. Je devrais sans doute vous couper la tête, mais je ne veux pas foutre en l’air mon meilleur couteau »
« C’est vrai ? »
À ce stade, l'histoire devient un peu floue, mais la plupart des érudits bouddhistes s’accordent sur le fait qu’Ordralfabétix a sauté sur le maître zen et l'a frappé à plusieurs reprises au visage avant de lui tirer vigoureusement la barbe.
Quelques fois dans notre vie, nous sommes attaqué parce qu’une personne ou une autre a mal compris nos motivations.
Bien sûr, nous souhaiterions que les autres pensent des choses positives à notre sujet, mais s’ils ne le font pas, devrions-nous vraiment nous en inquiéter ?
Devrions-nous utiliser notre énergie pour essayer de convaincre quelqu'un que nous sommes beaux et intelligents, alors que nous ne connaissons même pas ses motivations ?
Ses actions peuvent trouver leur source dans la jalousie, la peur, une mauvaise journée, une paranoïa généralisée ou la conviction réelle qu’il aide les autres.
Ou, bien sûr, il peut s’agir simplement d’un crétin qui aime les embrouilles.
Je sais qu'en tant que coach de vie expérimenté, je ne devrais pas suggérer que les crétins existent, mais malheureusement, c’est le cas.
Ils méritent peut-être notre empathie, notre soutien et une attitude non critique, mais cela ne veut pas dire qu’ils n’existent pas.
Après que le bébé de la fille du poissonnier soit né, Ordralfabétix est allé le déposer chez son nouveau père.
« Ceci est votre fils », a déclaré Ordralfabétix.
« C’est vrai ? »
« Oh, ne recommencez pas, je ne suis vraiment pas d'humeur ! »
« C’est vrai ? »
Ordralfabétix sentit sa main caresser lentement le manche en cuir de son couteau alors que l’acier dur et froid commençait à glisser hors de son étui.
Mais il se souvint de sa promesse faite à Iélosubmarine, son épouse, qu’il ne décapiterait en aucun cas le Maître.
À contrecœur, Ordralfabétix sortit lentement et silencieusement de la hutte, laissant le bébé derrière lui.
Quelques années plus tard, une fête eu lieu à la cabane d’Ordralfabétix pour le 21e anniversaire de sa fille.
Il y avait beaucoup d’agitation joyeuse, de thé « aux herbes » et de biscuits au goût étrange (probablement un peu d’opium aussi, mais l’histoire ne le précise pas explicitement).
Pour être franc, la fille d’Ordralfabétix s’est saoulé à mort et, dans son état d’ivresse, elle a décidé d’annoncer à tout le monde que le Maître Zen n’était pas le vrai père.
C'était en fait un vendeur itinérant de filets de pêche.
Un grand silence se fit dans la maison, venant notamment dudit vendeur itinérant qui était en ville pour quelques jours afin d’assister à séminaire de filets de pêche.
Après avoir presque étouffé de bonheur de la nouvelle, ce dernier plongea vers la porte et s’enfuit.
« Merde », se dit Ordralfabétix, « je suppose que je dois maintenant aller m'excuser auprès du Maître et récupérer le maudit gamin ? »
Il remonta la colline sur laquelle se trouvait la hutte du maître, mais, à son arrivée, cette fois-ci, il frappa doucement à la porte. En entrant, il trouva le bébé endormi sur les genoux de son père.
« Euh, je vais avoir besoin de récupérer le petit gars s'il vous plait, votre Excellence »
« C’est vrai ? »
« Oui Votre Divine-sainteté-en-bouddhisme Monsieur », « Euh, tout cela est un peu gênant parce que apparemment vous n’avez pas du tout engrossé ma fille, c'était cet enfoiré de commis voyageur. »
« C’est vrai ? »
« Ouais, qui l’aurait pensé, hein ? Bon, eh bien, je dois y aller ».
Sur ce, il récupéra le bébé et descendit la colline à vive allure.
Nous transportons tous beaucoup d'idées fausses avec nous. Nous devons souvent prendre des décisions excessivement rapides sur des personnes et des événements sans disposer de toutes les informations.
C’est juste la vie et il n’y a aucune solution.
Ce ne sont pas vraiment les décisions qui posent problème, c’est leur persistance lorsque des preuves contraires démontrent que nous avions tort au départ.
Nous avons tendance à commencer par chercher des éléments pour étayer notre opinion initiale, plutôt que des preuves qui jetteraient le doute sur celle-ci.
Il s'agit d'un biais cognitif bien connu appelé biais de confirmation.
Lorsque nous entrons dans cet état d’esprit, nous pouvons ne même pas voir l’évidence qui est devant nos yeux, parce que nous sommes totalement investis dans notre conviction initiale. Nous cherchons seulement des preuves qui la soutiennent.
Nous pouvons ne trouver qu’une seule preuve qui va dans notre sens et estimer qu’elle vaut plus que les mille autres allant dans le sens contraire.
Avoir conscience de cela nous confère un certain pouvoir.
Pouvoir, parce que je sais que vous avez de telles croyances sur vous-même.
Des croyances qui ne sont pas des faits, mais qui risquent de vous ralentir parce que vous les conservez.
Comme je suppose que vous êtes une personne à l’esprit ouvert, pourquoi ne pas les examiner un peu plus sérieusement ?
Que risquez-vous à exposer réellement ces croyances à l'examen qu'elles méritent ?
Pourriez-vous le faire aujourd'hui ?
Pourriez-vous prendre une croyance négative, la passer au sérum de vérité et la démolir avec des preuves contraires ?
Bien sûr que vous le pourriez.
Essayez, par exemple, avec une d’entre elles concernant votre conjoint, ou un membre de votre famille. Vous savez qu’il (ou elle) est comme ça… mais est-ce vraiment vrai ?
Vous pouvez toujours vous demander : « C’est vrai ? »
Et si votre réponse est : « Oui ? », demandez à nouveau : « Est-ce réellement le cas ? »
Et vous continuez à vous le demander jusqu'à ce que votre esprit commence à douter de cette croyance.
Je suis sûr que vous êtes assez capable, assez attirant, que vous avez assez d’argent, que vous avez une belle vie ou que vous êtes digne du respect des autres.
Prouvez-moi que ce n’est pas une fausse croyance.
Et merci d’avance pour cela.